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Tous les dimanches

🔋 +4900 % pour cette marque de boissons énergétiques

🇺🇸 Le fonds souverain de Trump, explication

Le 09/02/2025

par 

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Ce que vous allez apprendre dans cet article

🔋 [ENERGY] Celsius, une entreprise de boissons énergétiques, a connu une croissance spectaculaire de plus de 4900 % entre 2020 et mai 2024 avant de s'effondrer de plus de 75 % suite à des problèmes avec PepsiCo. Est-ce une opportunité d'investissement intéressante ? Comment cette marque ​healthy se positionne-t-elle face aux géants comme Red Bull et Monster ? Focus sur ses perspectives de croissance internationale et son partenariat stratégique avec PepsiCo. 🛡️ [TARIFFS] Pourquoi Sony a voulu vendre une PlayStation 2 avec un CD Linux et un clavier ? Pourquoi certaines Converse ont du tissu sur leurs semelles aux États-Unis ? La réponse : l'ingénierie tarifaire. On parlera aussi des États-Unis et de l'Europe qui prévoient de mettre fin aux avantages douaniers dont bénéficient les géants chinois de l'e-commerce comme Shein, Temu et AliExpress. Comment ces entreprises qui ont profité pendant des années de l'exemption des droits de douane vont-elles s'adapter ? Quel impact pour leurs concurrents occidentaux comme Gap ou Zara, et pour l'entrée en bourse prévue de Shein à Londres ? 🇺🇸 [SOVEREIGN] Donald Trump propose de créer un fonds souverain américain - une première dans l'histoire des États-Unis - fonds qui pourrait même acheter une partie de TikTok et investir dans les cryptos. Pourquoi ce revirement majeur dans un pays traditionnellement attaché au secteur privé ? Quel pourrait être l'impact pour les marchés financiers et les investisseurs si l'État américain devenait un acteur majeur de l'investissement ? Entre opportunités potentielles et risques de distorsion du marché, découvrez les enjeux de cette initiative controversée.

📰 Report : Météo des marchés, analyse approfondie d’une action et décryptage de deux grosses actus économie et tendances.

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Hey Snowballers,

J'espère que vous passez une bonne fin de semaine.

Une semaine encore mouvementée : entre Trump et les annonces des résultats financiers de grandes entreprises, les investisseurs ne savaient plus trop où donner de la tête. On va décrypter une partie de tout ça aujourd'hui.

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Je laisse le micro à Mathieu et tx pour la météo des marchés.

Une semaine en apparence calme… En apparence, seulement. Comme évoqué dans mon édition de cette semaine sur le VIX, les temps actuels sont volatils ! Cette semaine en a été une illustration avec les barrières douanières annoncées puis mises sur pause par Trump le week-end dernier, puis en raison de résultats d’entreprises importantes parfois négatifs, parfois positifs.

Tout d'abord avec Trump qui a mis à exécution ses menaces de tarifs douaniers de 25 % contre le Canada et le Mexique, ce qui a inquiété les marchés. C’est important, car les États-Unis importent beaucoup de choses du Mexique et du Canada. C’était potentiellement négatif pour le Canada et le Mexique, mais aussi pour toutes les entreprises américaines qui produisent dans ces 2 pays avant d’importer aux États-Unis. Ces taxes douanières ont été mises en pause pendant un mois après la promesse des deux pays voisins des États-Unis de renforcer la sécurité des frontières. Il y aura un deuxième épisode, car les divergences ne concernent pas que la sécurité des frontières.

Trump a aussi mis à exécution ses menaces douanières avec la Chine de 10 %. Par ailleurs, les États-Unis ont aussi décidé de durcir la réglementation pour les petits colis, qui profitaient jusqu’à maintenant d’avantages. Cependant, les rumeurs des deux côtés laissent penser qu’il y a de la marge pour un accord et éviter une importante guerre commerciale.

Dans le reste de l’actualité, j’ai noté les chiffres meilleurs que prévu des PMI Manufacturiers aux États-Unis, qui confirment la bonne santé de l’économie américaine. Mais j’ai aussi noté les chiffres du rapport JOLTS sur l’emploi qui étaient moins bons que prévu, un peu comme ceux de vendredi, ce qui a pu plaire aux investisseurs, alors que c’est, in fine, le signe que la Fed « pourrait » baisser ses taux à l’avenir.

J’ai aussi noté que plusieurs grosses capitalisations américaines, dont Amazon et Alphabet, ont déçu les investisseurs. 

En Europe, plusieurs valeurs liées au semi-conducteur pour l’automobile et l’électronique grand public comme STMicroelectronics ou Soitec ont annoncé des résultats et des perspectives en dessous des attentes.

En Chine, les PMI du mois de janvier étaient inférieurs aux attentes, ce qui, couplé aux barrières douanières et aux annonces de Trump sur les petits colis en provenance de Chine, a nuancé l’optimisme des investisseurs.

Mathieu

Du côté des marchés cryptos, la situation est très particulière, car d’un côté BTC (Bitcoin) est toujours proche des 100 000 $ et la mise en place d’une réglementation crypto américaine favorable aux cryptos est plus proche que jamais. De l’autre, le marché a été victime d’une cascade de liquidations record, qui a impacté massivement les altcoins. Lundi dernier, ETH (Ethereum) a brièvement atteint les 2172 $, soit une baisse temporaire de 25 % avant de revenir à son prix initial.

Une cascade de liquidations se produit lorsque le marché a accumulé trop de leviers, et qu’il corrige rapidement. Pour rappel, le levier, c’est lorsqu’on emprunte de l’argent pour investir avec plus de capital qu’on en possède. Dans notre cas, trop d'investisseurs avaient pris du levier à la hausse, car ils pensaient que le marché allait rapidement monter. Mais ce qu’il s’est passé, c’est une baisse, et ça a provoqué la liquidation des investisseurs qui avaient le plus de leviers et les a forcés à vendre, ce qui a poussé le prix encore plus bas, et liquidé d’autres investisseurs… ce qui a fait encore baisser le prix, et ainsi de suite. C’est comme ça qu’on provoque une cascade de liquidations, où le prix baisse très rapidement, liquidant au passage de nombreux investisseurs avec levier. L’ampleur de l'événement de lundi dernier est sans pareille mesure sur le marché crypto, dépassant même la cascade de liquidations qui avait eu lieu après le crash de FTX. D’après Ben Zhou, PDG de l’exchange Bybit, les pertes réalisées par ceux qui utilisaient du levier se chiffrent à au moins 8 à 10 milliards de dollars.

La situation est très particulière, inédite même, car le prix du bitcoin semble totalement épargné par ce phénomène. Mais cela ne l’a pas empêché de voir une correction importante du nombre de BTC dans les ETF, avec plus de 3 milliards de dollars de sorties, pendant qu'Ethereum ajoutait 250 millions de dollars aux siens, alors que le sentiment des investisseurs est au plus bas sur les altcoins.

Pour finir sur le marché, on observe une compression très importante du prix de BTC sur ces derniers jours. Cela suggère qu’un mouvement de prix important a de fortes chances d’arriver. Sa direction devrait nous donner un peu plus d’éclaircissement sur un marché actuellement très très confus.

Du côté des actus, voici ce qu’il ne fallait pas manquer :

tx

  • 🙅‍♂️ Volte-face du gouvernement français : Éric Lombard annonce l'abandon du projet d'abaissement des seuils de TVA pour les petites entreprises. La mesure, qui aurait touché 200 000 entreprises et rapporté 400 millions d'euros, a fait face à une opposition massive des entrepreneurs et du monde politique.
  • 🏦 L'assurance-vie française affiche sa meilleure collecte nette depuis 13 ans avec 29,4 milliards d'euros en 2024. France Assureurs attribue ce succès aux rendements attractifs et aux incertitudes économiques qui en font un « pôle de stabilité ».
  • 🎧 Spotify annonce une année complète de rentabilité, après 6 ans de pertes depuis son introduction en bourse. Le géant du streaming affiche un bénéfice d'exploitation de 477 millions d'euros lors du dernier trimestre, contre une perte de 75 millions l'année dernière. Les revenus grimpent de 16 %.
  • 🏦 BNP Paribas explose les compteurs avec un bénéfice record de 12 milliards d'euros en 2024 (+4 %).
  • 😮 Tether annonce des profits nets de 13 milliards de dollars en 2024, dont 7 milliards provenant des bons du Trésor américain et 5 milliards de l'appréciation de l'or et des bitcoins détenus par l’entreprise. Tether prévoit d'étendre son stablecoin USDT au réseau Bitcoin et au Lightning Network.

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👩‍🏫 Ce que vous allez apprendre : Celsius, une entreprise de boissons énergétiques, a connu une croissance spectaculaire de plus de 4900 % entre 2020 et mai 2024 avant de s'effondrer de plus de 75 % suite à des problèmes avec PepsiCo. Est-ce une opportunité d'investissement intéressante ? Comment cette marque healthy se positionne-t-elle face aux géants comme Red Bull et Monster ? Focus sur ses perspectives de croissance internationale et son partenariat stratégique avec PepsiCo.

Dans le secteur des boissons énergétiques, vous connaissez certainement toutes et tous Red Bull évidemment ou encore Monster Energy, mais il y a de grandes chances que vous ne connaissiez pas Celsius. Celsius Holding a connu une ascension folle de plus de 4900 % entre février 2020 et mai 2024 :

Avant de s'effondrer de plus de 75 %.

Suite à cette chute, je voulais étudier un peu plus cette entreprise pour voir s'il s'agissait d'une opportunité.

Celsius, qui est donc une marque de boissons énergétiques, a connu une métamorphose spectaculaire depuis ses débuts modestes en 2004.

2004-2012 : les débuts chaotiques

Fondée en Floride par un petit groupe d'entrepreneurs, Celsius se positionne d'abord comme une boisson brûleuse de calories. Malgré des études cliniques vantant ses effets thermogéniques (augmentation du métabolisme de 12 % pendant 3 heures), le lancement peine à décoller. Le branding flou et la concurrence féroce de Red Bull ou Monster mènent l'entreprise au bord du précipice. En 2010, la perte de Costco comme client principal (60 % des ventes) fragilise encore plus la société.

2012-2017 : le virage stratégique

L'arrivée de Carl DeSantis, milliardaire visionnaire derrière Rexall Sundown, change la donne. Il investit tôt dans l'entreprise et prête 3 millions de dollars à l'entreprise pour une campagne publicitaire. Il recrute John Fieldly (directeur financier en 2012, PDG en 2017). Avec le gourou du marketing Jack Trout, ils abandonnent le discours minceur pour adopter le mantra Live Fit. La boisson est reformulée avec des ingrédients naturels (thé vert, guarana, gingembre) et zéro sucre.

2017-2025 : Celsius, un phénomène mondial

Le repositionnement en boisson fitness porte ses fruits :

  • Distribution ciblée : salles de sport (24 Hour Fitness), magasins diététiques/de protéines (GNC) et rayons beauté et santé ;
  • Croissance fulgurante : 75 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2019 ➔ 1,3 milliard de dollars en 2023, avec une part de marché de 11 % dans la catégorie boissons énergétiques ;
  • Alliance avec PepsiCo : le géant des sodas investit 550 millions de dollars en 2022 en échange de 8,5 % de Celsius. Celsius accède à la puissance de distribution mondiale de PepsiCo.

Aujourd’hui présent dans 63 pays (y compris la France, j'ai vu des pubs récemment), Celsius rivalise désormais avec Red Bull et Monster, tout en conservant son ADN plus healthy.

Malgré tout ça, l'action de l'entreprise s'est récemment effondrée. Opportunité ou pas ?

Une des raisons principales qui a fait chuter l'action de Celsius est liée à une réduction drastique des commandes par PepsiCo suite à une surcommande historique de ce même PepsiCo en 2022 et 2023. À cause de cela, le chiffre d'affaires annuel de Celsius a chuté de 31 % en 2024.

En plus de cela, les marges de l'entreprise se sont érodées (chute de 4,4 points à 46 % au 3e trimestre 2024, par exemple) à cause de promotions agressives.

Saupoudrez le tout d'une concurrence accrue (Alani Nu par exemple avec une hausse des parts de marché de 40 % en 2024), d'une enquête de la SEC (autorité des marchés financiers américaine) sur des irrégularités comptables liées aux stocks (réglée pour 3 millions de dollars en janvier dernier) et un ralentissement du marché, et vous obtenez une chute de plus de 75 % du cours de son action.

Mais ! Tout n'est pas perdu, loin de là et il est tout à fait normal pour des entreprises (comme pour des individus) de traverser des crises.

Tout d'abord, l'histoire des stocks avec PepsiCo qui devait tout rééquilibrer est vraisemblablement terminée. Cela veut donc dire que Celsius commence l'année 2025 du bon pied et que la croissance des revenus en 2025 devrait être très bonne. Et en 2025, PepsiCo devrait à nouveau contribuer à la croissance de Celsius de façon significative.

De plus, Celsius a d'autres opportunités de distribution, notamment en ligne avec Amazon (croissance de 21 % des ventes lors des derniers résultats trimestriels), mais aussi et surtout à l'international avec 19 millions de dollars de ventes lors des derniers résultats trimestriels (une croissance de 37 % d'une année sur l'autre).

Les estimations consensuelles semblent suggérer que Celsius peut croître d'environ 15 % par an sur du moyen terme. Mais ce qui est prometteur ici, c'est que Celsius connaîtra une croissance de près de 15 % l'année prochaine en éliminant simplement la correction des stocks de PepsiCo. Sa croissance devrait donc être largement supérieure.

Actuellement, l'entreprise pèse 5,27 milliards de dollars en bourse (action autour de 22 $) et détient environ 1 milliard de dollars de cash. Beaucoup d'analystes pensent que l'action devrait finir 2025 autour des 35 $. Bon, toujours à prendre avec des pincettes, car en vrai, on n'en sait strictement rien.

Mon point de vue + risques : les problèmes avec PepsiCo ne sont peut-être pas encore réglés à 100 %, donc l'impact pourrait se ressentir encore un peu en 2025. En tout cas, les perspectives de croissance pour Celsius sont extrêmement bonnes, surtout quand on voit que l'entreprise est encore très peu présente en dehors des États-Unis. D'un point de vue marketing et distribution, Celsius semble au top malgré ce petit bug avec PepsiCo (mais c'est plus de la faute de PepsiCo qui a eu les yeux plus gros que le ventre que de Celsius). Pour terminer, le secteur des boissons énergétiques devrait maintenir une très belle croissance annuelle moyenne de 7 % à 9 %.

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👩‍🏫 Ce que vous allez apprendre : pourquoi Sony a voulu vendre une PlayStation 2 avec un CD Linux et un clavier ? Pourquoi certaines Converse ont du tissu sur leurs semelles aux États-Unis ? La réponse : l'ingénierie tarifaire. On parlera aussi des États-Unis et de l'Europe qui prévoient de mettre fin aux avantages douaniers dont bénéficient les géants chinois de l'e-commerce comme Shein, Temu et AliExpress. Comment ces entreprises qui ont profité pendant des années de l'exemption des droits de douane vont-elles s'adapter ? Quel impact pour leurs concurrents occidentaux comme Gap ou Zara, et pour l'entrée en bourse prévue de Shein à Londres ?

Bruxelles souhaite serrer la vis du côté des tarifs douaniers des colis en provenance des plateformes d'e-commerce chinoises.

Trump souhaite mettre fin à l'exception tarifaire qui exemptait les colis d'une valeur de moins de 800 $ d'être taxés.

Vous avez très certainement vu que depuis quelques mois, les tarifs douaniers deviennent de véritables armes géopolitiques. Aujourd'hui, je voulais revenir sur une chose que j'ai toujours trouvée fascinante dans l'univers du commerce international : l'ingénierie tarifaire.

À en conclusion, nous verrons comment la fin de l'exception américaine et des nouvelles règles européennes pourrait impacter les géants chinois.

Dès qu'il existe des règles, vous pouvez être certains que des personnes vont trouver des solutions pour les contourner à leur avantage. Les impôts, l'investissement, les cryptos et les stablecoins, etc.

Les tarifs douaniers n'y échappent pas. Voici quelques exemples partagés par Trung Phan que je trouve à la fois drôles et ingénieux :

  • Aux États-Unis, certaines Converse ont une sorte de tissu duveteux qui recouvre une partie de la semelle extérieure. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'une règle stipule que si plus de x % de la surface d'une semelle sont recouverts de tissu duveteux, alors la chaussure en question entre dans la catégorie des pantoufles avec des droits de douane inférieurs à 7,5 % vs plus de 37,5 % en moyenne pour des chaussures avec des semelles en caoutchouc.

  • Dans les années 60, les producteurs américains de poulet inondent le marché européen et font chuter les prix drastiquement. Les fermiers européens se mettent en colère et l'Allemagne et la France mettent en place des barrières douanières sur les importations américaines de poulets. En réponse, le président américain met en place des tarifs douaniers de 25 % sur divers produits dont les petits pick-ups/camions. Pour contourner ces règles, les constructeurs ont été ingénieux. Par exemple, entre 1978 et 1987, Subaru a importé ses Subaru BRAT avec deux sièges et de la moquette dans la benne, ce qui plaçait ce modèle de voitures dans la catégorie des citadines avec des tarifs douaniers de seulement 2,5 % au lien de 25 %. Smart.

  • Sony a tenté quelque chose d'exceptionnel avec la PlayStation 2 pour bénéficier de tarifs douaniers plus bas en Europe : exporter la PlayStation 2 avec un clavier et un CD d'installation Linux pour la faire entrer dans la catégorie des ordinateurs. Bon, dur à dire si Sony a fait ça exactement pour les tarifs douaniers, mais en tout cas, Sony a fait la demande et l'UE l'a rejetée.

Et il existe des centaines d'autres exemples similaires aujourd'hui et dans l'histoire.

Les entreprises chinoises comme Shein, Temu ou encore AliExpress ont d'ailleurs longtemps profité de certaines règles douanières en leur faveur. Aux États-Unis par exemple, la règle de minimis (des choses insignifiantes) établie en 1930 disait que les importations de moins de 5 $ n'étaient pas sujettes aux tarifs douaniers. Dans les années 90, le minimum est passé à 200 $ puis 800 $ en 2016.

L'objectif est évident : simplifier les choses et ne pas surcharger l'administration et les fonctionnaires en charge de faire appliquer ces droits de douane.

Le problème, c'est qu'en 2016, ces importations inférieures à 800 $ représentaient un volume de 9 milliards de dollars contre 55 milliards de dollars en 2024. Et environ 60 % viennent de Chine selon Marketplace Pulse via Trung Phan.

Shein, Temu et AliExpress ne payent donc aucun droit de douane alors que leurs concurrents payent des centaines de millions de dollars. Il s'agit évidemment d'une véritable concurrence déloyale.

Mon point de vue + quel impact pour les entreprises et investisseurs ? Pour l'instant, Trump a appuyé sur le bouton pause, mais la probabilité que cette règle de minimis disparaisse est proche de 100 % et l'UE a lancé les procédures pour augmenter les tarifs douaniers pour ces produits achetés sur les plateformes d'e-commerce chinoises. Tout cela devrait avoir de multiples impacts sur l'économie : moins de concurrence déloyale pour les entrepreneurs locaux, ce qui pourrait booster les investissements et les lancements de nouvelles entreprises. Moins de concurrence de la part de Shein pour les entreprises comme Gap, Zara ou H&M, donc plus de profits. Il se peut que l'entrée en bourse de Shein, qui était prévue pour les prochains mois à Londres, soit bouleversée (ou alors avec une valorisation bien plus basse que les 50 milliards de dollars prévus). Du côté des géants comme Alibaba ou Pinduoduo (maison mère de Temu), il y a de fortes chances qu'ils avaient déjà prévu un tel scénario et qu'ils trouveront d'autres moyens de contourner ces règles pour conserver des coûts assez bas et un volume de ventes toujours extrêmement élevé pour booster leur rentabilité. En tout cas, c'est un peu les montagnes russes du côté de ces actions chinoises, même si elles sont dans le vert depuis le début de l'année : +22 % pour Alibaba et +18 % pour Pinduoduo.

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👩‍🏫 Ce que vous allez apprendre : Donald Trump propose de créer un fonds souverain américain - une première dans l'histoire des États-Unis - qui pourrait même acheter une partie de TikTok et investir dans les cryptos. Pourquoi ce revirement majeur dans un pays traditionnellement attaché au secteur privé ? Quel pourrait être l'impact pour les marchés financiers et les investisseurs si l'État américain devient un acteur majeur de l'investissement ? Entre opportunités potentielles et risques de distorsion du marché, découvrez les enjeux de cette initiative controversée.

Vous avez certainement remarqué dans les actus de cette semaine que Donald Trump souhaite créer un fonds souverain aux États-Unis et que ce fonds pourrait même acheter une partie de TikTok.

Je voulais donc creuser un peu ce sujet aujourd'hui pour vous aider à mieux comprendre les enjeux. Commençons par les bases.

Qu'est-ce qu'un fonds souverain ? Un fonds souverain est un fonds d'investissement détenu et géré par un État, comme son nom l'indique. Ces fonds servent à investir les excédents financiers d'un pays, généralement issus de ressources naturelles (comme le pétrole) ou d'excédents commerciaux, dans divers types de placements tels que des actions, des obligations ou des actifs immobiliers.

Les principaux objectifs des fonds souverains sont :

  • Faire fructifier l'épargne nationale sur le long terme ;
  • Diversifier les revenus d'un pays ;
  • Préparer l'avenir en transférant de la richesse aux générations futures et en aidant les générations les plus âgées (retraites) ;
  • Stabiliser le budget de l'État face aux fluctuations économiques.

Voici quelques exemples de fonds souverains :

  • Le Norway Government Pension Fund Global (Norvège) créé en 1990, est le plus grand fonds souverain au monde. Il investit les revenus pétroliers du pays dans des actifs internationaux pour assurer la prospérité future de la Norvège. Il pèse actuellement environ 1800 milliards de dollars (70 % d'actions, 27 % d'obligations et 3 % d'immobilier).
  • L'Abu Dhabi Investment Authority (ADIA - Émirats arabes unis) qui est l'un des plus anciens et des plus importants fonds souverains, financé par les revenus pétroliers d'Abu Dhabi ;
  • Le China Investment Corporation (CIC - Chine) fondé en 2007 pour diversifier les investissements des réserves de change de la Chine ;
  • Le Kuwait Investment Authority (KIA - Koweït) qui est le plus ancien fonds souverain au monde, créé en 1953 pour gérer les revenus pétroliers du Koweït.

Mais alors, pourquoi Trump veut-il créer un fonds souverain aux États-Unis alors que le pays n'a pas un budget excédentaire ? Et pourquoi un tel revirement dans un pays traditionnellement attaché à la primauté du secteur privé ?

Trump justifie son initiative par plusieurs objectifs : promouvoir la durabilité budgétaire, réduire la charge fiscale des Américains, renforcer la sécurité économique à long terme et affirmer le leadership économique des États-Unis dans le monde.

Des propositions concrètes ont été évoquées (mais c'est encore flou), telles que l’utilisation des revenus des droits de douane pour capitaliser le fonds ou encore l’investissement dans des secteurs stratégiques comme les infrastructures, la défense, la recherche médicale ou même l’achat de participations dans des entreprises partenaires de l’État. Trump a même évoqué la possibilité de racheter une partie de TikTok avec ce fonds ou encore d'investir dans les cryptos.

Mais cette initiative ne fait pas du tout l’unanimité, notamment parmi les libertariens. Pour ces derniers, l’idée même d’un fonds souverain est une hérésie. Chaque dollar investi par l’État dans un tel fonds est, selon eux, un dollar qui devrait rester dans les poches des citoyens américains et du secteur privé.

Ils considèrent que l’intervention de l’État dans l’économie déforme les mécanismes du marché et qu’elle ouvre la porte à des abus, à la corruption et à une mauvaise gestion des fonds publics.

Malgré ces réticences, Trump semble avoir trouvé un équilibre en s’appuyant sur d’autres groupes politiques. Les conservateurs et les libéraux pourraient y voir un moyen d’avancer leurs propres valeurs, tandis que les populistes sont souvent favorables à des initiatives présentées comme étant « par et pour le peuple », plutôt que pour une élite opaque.

Et quels impacts pour les investisseurs comme vous et moi ?

Premièrement, cela pourrait créer de nouvelles opportunités sur les marchés financiers, l’État américain devenant un acteur majeur dans certains secteurs.

L’afflux de capitaux publics pourrait dynamiser des industries clés et booster le prix de certaines actions (si l'État américain se met à acheter en masse des actions américaines, par exemple).

Deuxièmement, l’intervention de l’État pourrait aussi générer des distorsions de marché, en influençant la concurrence et en modifiant les équilibres économiques traditionnels.

Enfin, la question de la transparence et de la gestion du fonds sera cruciale. Affaire à suivre de près.

Mon point de vue : il faudra surveiller de près les décisions prises par les secrétaires au Trésor et au Commerce, Scott Bessent et Howard Lutnick, chargés de définir les modalités de fonctionnement du fonds. La manière dont ces fonds seront gérés, les secteurs ciblés et les critères d’investissement retenus auront un impact direct sur la confiance des marchés. En tout cas, si les États-Unis se mettent à investir massivement dans des actions et des cryptos, cela pourrait fortement faire grimper le prix de ces actifs. Pour l'instant, il est trop tôt pour savoir exactement ce qu'il va se passer et réagir en fonction. Comme souvent avec Trump, il y a de grandes chances que ce projet tombe à l'eau.

C'est tout pour aujourd'hui ! J'espère que cette édition vous a plu.

Passez une excellente soirée ou un bon début de semaine.

Yoann ❤️

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