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📊 Devenir PDG de vos finances

Le concept de "seuil de rentabilité" pour optimiser votre patrimoine.

Le 25/02/2025

par 

 ❤️

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Ce que vous allez apprendre dans cet article

💼 Comment gérer vos finances personnelles comme un ou une PDG en utilisant le concept de "seuil de rentabilité" pour optimiser votre patrimoine. 🧮 La formule magique pour calculer votre revenu minimal nécessaire en fonction de votre style de vie et objectif d'épargne. 🔮 Comment anticiper l'impact financier des grands choix de vie (enfants, achat immobilier, reconversion) grâce à la projection dynamique. 💰 L'importance du coût d'opportunité : comment vos petites dépenses d'aujourd'hui peuvent vous coûter une fortune à long terme.

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⏱️ Temps de lecture : 15 minutes

Hey Snowballers,

J'espère que vous allez bien et que vous passez un bon début de semaine.

Aujourd'hui, on va parler d'un sujet qui va mêler concepts d'entrepreneuriat et de finances personnelles pour vous aider à devenir le ou la PDG de votre vie financière. Effectivement, tout comme une entreprise doit générer de l'argent pour couvrir ses coûts et croître, un individu ou un ménage doit faire de même.

On va donc voir comment vous pourriez piloter vos finances personnelles comme une entreprise pourrait piloter ses finances. Aucune inquiétude, on ne va pas rentrer dans des calculs très complexes.

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Avant de commencer, est-ce que ça vous dit de diversifier votre portefeuille en investissant dans des meubles ?

Dans un monde où la gestion financière devient une compétence essentielle (même à un niveau très rudimentaire), le concept de seuil de rentabilité – traditionnellement réservé aux entreprises – peut être un outil intéressant pour les particuliers.

Tout comme une entreprise calcule le chiffre d’affaires nécessaire pour couvrir ses coûts fixes (des locaux, par exemple) et variables (comme des matières premières), chaque personne devrait déterminer le revenu minimal requis pour équilibrer son budget, dégager un surplus d’épargne et financer ses projets d’investissement en prenant en compte le niveau de vie possible/désiré.

Cette approche peut également intégrer des projections de besoins futurs, comme des enfants, une reconversion professionnelle, l'inflation ou encore la volonté d'augmenter son niveau de vie.

Tout cela peut transformer la gestion de vos finances et de votre patrimoine en une véritable stratégie d’entreprise personnelle avec des calculs de seuils, des projections ou encore des simulations.

Pour commencer, on va partir de la définition du seuil de rentabilité et de son calcul.

Déjà, en français, ça veut dire quoi ? C'est le moment exact où les revenus sont égaux aux charges.

On l'appelle parfois point mort (ou break even en anglais). En entreprise, il permet de déterminer le chiffre d’affaires minimum à réaliser pour couvrir l’ensemble de ses charges.

Pour faire simple, dans un monde sans impôts, si une entreprise génère 3 millions d'euros de chiffre d'affaires et dépense 3 millions d'euros dans des charges diverses (salaires, matières premières, loyers, etc.), alors son seuil de rentabilité est de 3 millions d'euros. Elle ne gagne rien (pas de profit), mais elle ne perd rien non plus.

(Les comptables, j'ai volontairement simplifié pour ne pas créer de confusion supplémentaire.)

Seuil de rentabilité = charges fixes + charges variables

C'est très simple. Sur un graphique, cela ressemble à ça :

Pour un individu, si vous gagnez 1900 euros et que vous dépensez 1900 euros dans votre loyer, restaurants, alimentation, etc., alors on peut dire que votre seuil de rentabilité est atteint (revenu minimal). Vous ne dégagez pas d'épargne, mais vous n'êtes pas à découvert non plus.

Seuil de rentabilité d'un individu (revenu minimal) = dépenses fixes + dépenses variables

On va dire que c'est la base d'une bonne santé financière et le minimum à atteindre. Ce n'est pas simple pour tout le monde pour diverses raisons (perte d'emploi, précarité de l'emploi, famille nombreuse, divorces, etc.), mais c'est le cap qu'il faut suivre pour améliorer sa santé financière.

Le reste, donc tout ce qui est au-dessus du seuil de rentabilité, c'est du bonus que vous pourrez investir et épargner. Une entreprise utilisera ce profit pour alimenter sa croissance et avoir une trésorerie de sécurité. Vous l'utiliserez pour créer votre épargne de sécurité et pour faire croître votre patrimoine (investir).

Si on avance un peu et que l'on complexifie la formule, dans une entreprise, le seuil de rentabilité peut aussi se calculer de cette façon en incluant la marge :

Seuil de rentabilité = coûts fixes / taux de marge sur coûts variables

Si on devait appliquer cette formule à un individu en incluant le taux d'épargne visé, cela pourrait donner ça :

Revenu minimal pour épargner X % = (dépenses fixes + dépenses variables) / (1 - taux d'épargne cible)

Par exemple, avec des dépenses mensuelles fixes de 2000 € (loyer, assurances, abonnements), des dépenses variables de 800 € (alimentation, loisirs) et un objectif d’épargne de 20 %, le revenu requis s’élève à : (2000 + 800) / (1 - 0,2) = 3500 € par mois.

Avec ce salaire de 3500 € par mois, vous pourrez donc couvrir toutes vos dépenses qui s'élèvent à 2800 € tout en épargnant 20 % de votre salaire, soit 700 €.

🏡 Avant de continuer, est-ce que ça vous dit de participer à des projets d'achat/revente immo à court terme ?

Les charges fixes représentent le « coût d’existence » de votre vie actuelle que vous ne pouvez pas facilement couper – prêt immobilier, transports pour le boulot, assurances obligatoires, minimum pour se nourrir. Contrairement aux entreprises qui peuvent ajuster leur structure de coûts plus facilement, les particuliers font face à une rigidité accrue : un crédit immobilier ou des frais de garde d’enfants constituent des engagements à long terme qu'on peut difficilement couper.

Une étude de l’INSEE révèle que 63 % des ménages français consacrent plus de 50 % de leurs revenus à des dépenses fixes, réduisant leur marge de manœuvre pour l’investissement et l'épargne.

Atteindre le seuil de rentabilité c'est cool, mais ça ne suffit pas.

C’est le surplus qui permet d’investir. Les entreprises appellent cela la « marge opérationnelle », qui devrait idéalement atteindre 15-25 % du chiffre d’affaires.

Pour faire grimper votre niveau d'épargne (cette marge opérationnelle), il existe seulement deux leviers :

  • Dépenser moins.
  • Gagner plus.

Mon conseil : commencez par éplucher vos dépenses variables pour voir ce que vous pouvez réduire, puis épluchez ensuite les dépenses fixes (par exemple, changer un abonnement mobile ou changer d'assurance de prêt immobilier), et finalement essayez de voir comment vous pourriez gagner plus (changer de job, side project, achat immobilier grâce au levier bancaire, etc.).

La vraie différence entre une entreprise et un individu réside dans l’imprévisibilité des cycles de vie (bon, pour certaines entreprises c'est très imprévisible également). Une société planifie sur des exercices annuels, tandis qu’un particulier doit anticiper des événements susceptibles de bouleverser son équilibre financier de façon beaucoup plus violente et moins prévisible qu'une entreprise :

  • Naissance d’un enfant : +500 à 1200 €/mois (crèche, loisirs, éducation)/
  • Réduction de revenus : une reconversion professionnelle peut entraîner une baisse temporaire de 30 % du salaire.
  • Dépendance des parents âgés : coût moyen de 2000 €/mois pour une maison de retraite, par exemple.

D'ailleurs, pour les abonnés Snowball+, on va bientôt sortir une Google Sheet pour vous aider à planifier le coût d'un enfant (ou de plusieurs) :

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Si comme près de 70 000 personnes tu veux investir avec intelligence ou apprendre à mieux gérer tes finances, tu es au bon endroit.

Bref, revenons à nos moutons.

Ces événements de la vie peuvent être traités d'un point de vue probabiliste, comme le préconise la méthode des « fourchettes de rentabilité » utilisée en finance d’entreprise.

Plutôt qu’un chiffre unique pour prédire votre futur revenu minimum par rapport à vos aspirations, vous pourriez établir trois scénarios :

  • Optimiste : croissance de votre salaire de 5 %/an, en couple avec un haut salaire, etc.
  • Neutre : stagnation salariale, deux enfants.
  • Pessimiste : chômage, un enfant, aide parentale.

Chaque choix de vie et les prédictions associées vont modifier durablement votre structure de coûts (et donc votre seuil de rentabilité/salaire minimum). Imaginons que vous souhaitiez acheter un appartement :

  • Avant : loyer de 800 €/mois (charge variable, vous pouvez facilement déménager).
  • Après : crédit de 1200 €/mois (charge fixe sur 20 ans) + 300 € de charges de copropriété (plus difficile de déménager rapidement en cas de coup dur).

Ce changement peut exiger une hausse permanente des revenus ou une réduction d’autres postes.

Imaginons que :

  • Vos dépenses variables (loyer de 800 € et 800 € pour le reste) sont de 1600 € ;
  • Vos charges fixes sont de 300 € (200 € de prêt conso, etc.) ;
  • Votre taux d'épargne souhaité est de 20 %.

Dans une telle situation, le revenu minimum nécessaire est de : (dépenses fixes + dépenses variables) / (1 - taux d'épargne cible).

Donc, votre salaire doit être de (1600 + 300) / (1-0.2) = 2375 € si vous voulez épargner 20 % de votre salaire.

Votre situation change et vous achetez une maison. Votre prêt est de 1200 €. Pour maintenir la même épargne, il faudra donc augmenter votre salaire ou réduire des dépenses variables.

Un style de vie qui coûte plus cher ou encore un enfant avec un salaire constant signifie qu'il faudra soit réduire son épargne, soit couper d'autres dépenses, soit vivre à crédit. Dans tous les cas, il faudra renoncer à certaines choses. C'est ce qu'on appelle le coût d'opportunité. Le coût d'un choix non sélectionné.

Vouloir faire plus de restaurants, c'est plus de plaisir, mais c'est renoncer à des investissements potentiels.

Essayons de visualiser ce coût d'opportunité.

Prenons quelqu'un qui va investir 200 € par mois avec un rendement annuel de 9 % pendant 40 ans :

Maintenant, prenons cette même personne qui préfère aller au restaurant tous les mois pour un coût de 100 € par mois. Elle ne peut donc investir que 100 € par mois sur la même période et même taux d'intérêt :

Le coût d'opportunité d'être allé au restau est donc d'un peu moins de 450 000 euros.

Je ne dis évidemment pas qu'il ne faut pas aller au restaurant ! Loin de là, mais c'est un calcul qu'il faut prendre en compte pour préparer son avenir.

Un peu comme une entreprise essaye de déterminer ses objectifs de chiffre d'affaires pour croître et développer son activité, vous pouvez faire des calculs similaires tout en prenant en compte les investissements voulus lorsque vous partirez à la retraite. Voici une petite méthode en 4 étapes :

Essayez de vous projeter et de calculer les points suivants pour atteindre votre mode de vie idéal :

  • Dépenses fixes : loyer ou crédit immobilier, assurances, abonnements (internet, téléphonie), frais scolaires, crèche, impôts fixes, etc. ;
  • Dépenses variables : alimentation, loisirs, vacances, restaurants, shopping, transports ;
  • Dépenses occasionnelles : voyages, événements spéciaux, etc.

Imaginons qu'une personne est bien avec 3500 € pour ces choses-là.

Ce taux doit inclure :

  • L'épargne de sécurité (fonds d'urgence) ;
  • L'épargne d'investissement pour atteindre un objectif de patrimoine à la retraite.

Pour le définir, cela dépend de plusieurs choses et on ne pourra pas tout traiter ici :

  • L'âge actuel ;
  • L'objectif de patrimoine à la retraite ;
  • La durée restante avant la retraite ;
  • Le niveau de vie souhaité ;
  • Le salaire ;
  • Le rendement attendu des investissements.

Mais en général, on dit que les taux d'épargne recommandés sont les suivants :

  • Pour une retraite confortable : 20 à 30 % du revenu ;
  • Pour une retraite anticipée : 40 à 50 % du revenu.

Revenus minimums = (dépenses fixes + dépenses variables) / (1 - taux d'épargne cible).

Si je prends mon exemple plus haut d'une personne qui a besoin de 3500 € pour maintenir son style de vie souhaité, alors :

  • Dépenses fixes : 2500 € ;
  • Dépenses variables : 1000 € ;
  • Taux d'épargne cible : 20 % (qui inclut l'épargne pour la retraite).

Revenu minimum = (2500+1000) / (1−0,20) = 3500 / 0,80 = 4375 €.

Pour être bien et épargner 20 % de ses revenus, cette personne doit donc générer 4375 € de revenus.

L'épargne mensuelle est donc de 875 € (4375 € x 0,2).

Pour s'assurer que le taux d'épargne cible permet d'atteindre l'objectif de patrimoine à la retraite, on va utiliser la méthode suivante :

Épargne mensuelle = patrimoine souhaité / facteur d'accumulation

Le facteur d'accumulation se calcule comme ça :

Facteur d'accumulation = ((1+r)^n - 1) / r

  • r = taux de rendement annuel (par exemple 7 % = 0,07) ;
  • n = nombre d'années d'investissement (par exemple 30 ans).

Bon, disons que votre objectif de patrimoine est d'un million d'euros. Idéalement, il faudrait savoir de combien vous aurez besoin à la retraite pour vivre comme vous voulez (le revenu minimum) et déterminer ce patrimoine par rapport à ça. En général, on dit qu'on peut retirer 4 % du capital accumulé par an à la retraite pour ne pas qu'il s'épuise trop vite.

Disons que vous pouvez vivre avec 40 000 € par an de votre capital + la retraite de l'État.

Cela veut dire qu'il faut accumuler 40 000 / 0,04 = 1 million d'euros.

Donc :

  • Objectif de patrimoine : 1 000 000 € ;
  • Rendement attendu : 7 % par an ;
  • Durée : 30 ans.

Facteur d'accumulation = ((1 + 0,07)^30 - 1) / 0,07 = 94,46.

Épargne annuelle nécessaire = 1 000 000 / 94,46 = 10 588 €.

Épargne mensuelle nécessaire = 10 588 / 12 = 882 €.

Nous sommes donc très proches de l'épargne mensuelle calculée dans l'étape 3 (875 €).

Par contre, si ce n'était pas le cas, il faudrait recalculer les revenus minimums nécessaires. Comment ?

Revenus cibles = (dépenses totales) / 1 - (épargne mensuelle nécessaire / revenu cible)

Le seuil de rentabilité individuel n’est pas un simple calcul, c'est aussi une philosophie de gestion proactive.

En intégrant des méthodes du monde entrepreneurial (scénarisation, tableau de bord, gestion des risques), chacun peut tenter d'atteindre une forme de liberté financière qui lui convient.

L’enjeu dépasse également la performance pure et dure : il s’agit de se protéger face aux aléas de l’existence, tout en se donnant les moyens de réaliser ses aspirations profondes. Dans un univers où l'argent fait partie des règles du jeu, il est important de le prendre en compte. L'argent n'est ni bon ni mauvais, il est neutre. C'est à vous de décider de ce que vous allez en faire.

Les entreprises qui survivent aux crises sont celles qui maîtrisent leur seuil de rentabilité et innovent constamment.

De même, les personnes capables d’ajuster leurs dépenses, de diversifier leurs revenus, d’anticiper les chocs et d'investir en elles-mêmes (formations, etc.), seront potentiellement mieux armées pour prospérer dans un monde qui bouge très très vite.

La clé réside dans une discipline simple, mais exigeante : vivre au-dessous de ses moyens, pour investir dans la liberté de demain, sans se priver aujourd'hui (ce serait bête de passer à côté de la vie juste pour économiser).

À méditer...

À très bientôt et bonne soirée à toutes et à tous.

Yoann ❤️