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😈 On vous manipule. Pour le meilleur et pour le pire.

Des astuces concrĂštes pour ne plus se faire avoir.

Le 24/06/2025, 

par 

 ❀

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Ce que vous allez apprendre dans cet article

🧠 Comment les principes d'Ă©conomie comportementale influencent subtilement vos dĂ©cisions financiĂšres au quotidien. ✅ Les "nudges" positifs qui peuvent vous aider Ă  mieux Ă©pargner et investir sans effort (Ă©pargne automatique, options par dĂ©faut, etc.). ⚠ Les "dark patterns" et manipulations sournoises utilisĂ©s par certaines entreprises pour vous pousser Ă  dĂ©penser plus ou faire des choix financiers non optimaux. đŸ›Ąïž Des astuces concrĂštes pour repĂ©rer ces techniques manipulatoires et protĂ©ger vos finances contre les piĂšges psychologiques du marketing. 🔍 Comment reprendre le contrĂŽle de vos dĂ©cisions financiĂšres en Ă©tant conscient des influences qui pĂšsent sur vos choix.

đŸ‘©â€đŸ«Â Learn : 4 fois par mois, nous creusons un sujet des finances personnelles pour vous aider Ă  mieux le comprendre.

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⏱ Temps de lecture : 18 minutes

Hey Snowballers,

Ici Yoann. J'espĂšre que vous allez bien !

Depuis la fac, je suis passionné d'économie comportementale. C'est une discipline qui me fascine vraiment. Entre la psychologie et l'économie. Entre la rationalité et l'irrationalité.

RĂ©cemment, j'ai partagĂ© cette Ă©tude de cas qui analyse le parcours pour s'inscrire Ă  une newsletter Substack (notre ancienne plateforme) Ă  la team Snowball. Ce parcours est rempli de petits dĂ©tails qui poussent souvent l'utilisateur Ă  faire des actions involontairement. À l'Ă©poque, je recevais souvent des mails de personnes qui me disaient qu'elles ne s'Ă©taient jamais abonnĂ©es Ă  Snowball. Logique quand on voit comment le systĂšme de recommandation de Substack est conçu :

En cliquant sur le bouton "continuer", si vous allez trop vite, vous ne vous rendez pas compte que vous allez suivre 3 autres newsletters recommandées par l'auteur...

Aujourd'hui, je voulais donc consacrer cette édition à tous ces petits nudges et manipulations qui peuvent influencer nos finances personnelles.

💌 Si vous bossez dans la gestion de patrimoine, nous avons lancĂ© 80/20, une nouvelle newsletter gratuite Ă  destination des pros du secteur (conseillers en gestion de patrimoine, gestionnaires de portefeuilles, etc.). C'est par ici pour s'inscrire.

đŸŽ™ïž Et je vous rappelle qu'il existe un podcast Snowball pour suivre les actus Ă©co, finance, business et tech en moins de 10 minutes. Ici sur Spotify et lĂ  sur Apple Podcast.

Avant de commencer, parlons de notre partenaire du jour, par qui sont passés des dizaines et des dizaines de Snowballers depuis plusieurs mois.

Nous aimons penser que nos décisions financiÚres (ou autres) sont purement rationnelles, prises uniquement en analysant des faits et des chiffres.

Mais en rĂ©alitĂ©, nos choix (Ă©pargne, achats, abonnements, investissements
) sont souvent guidĂ©s par des influences subtiles. Des entreprises, apps ou institutions utilisent des principes de psychologie pour orienter nos comportements : cela peut ĂȘtre pour notre bien (par exemple, nous inciter Ă  Ă©pargner), ou au contraire pour maximiser leurs profits Ă  nos dĂ©pens. Du nudge bienveillant aux "dark patterns" plus manipulateurs, l’objectif de cette Ă©dition est de vous montrer comment vous pourriez ĂȘtre manipulĂ©s, dans le bon comme dans le mauvais sens, et de vous aider Ă  repĂ©rer ces manipulations pour ne plus tomber dans le piĂšge.

Mais alors, c'est quoi un nudge ?

Le concept de nudge ("coup de pouce" en français) nous vient tout droit de l’économie comportementale.

Un nudge est une petite modification de l’environnement ou de la prĂ©sentation d’un choix, visant Ă  influencer le comportement de maniĂšre prĂ©visible sans contraindre la personne. L’idĂ©e, dĂ©veloppĂ©e par Richard Thaler et Cass Sunstein, est de guider les dĂ©cisions vers des rĂ©sultats plus bĂ©nĂ©fiques tout en prĂ©servant la libertĂ© de choix.

En jouant sur nos biais cognitifs ou nos habitudes, un nudge peut par exemple exploiter l’effet de cadrage (framing) ou la force des normes sociales pour nous encourager Ă  prendre une dĂ©cision avantageuse pour nous – sans obligation ni coercition.

Le nudge cherche Ă  nous aider Ă  mieux dĂ©cider, de façon non intrusive. On parle aussi de "paternalisme libertarien" : on oriente en douceur vers le comportement idĂ©al (paternaliste) tout en laissant l’individu libre de ne pas le suivre (libertarien).

Et ces nudges, il y en a partout partout partout !

  • Le bip du mĂ©tro parisien a par exemple Ă©tĂ© conçu pour nous faire accĂ©lĂ©rer inconsciemment lorsqu'on l'entend et nous donner la cadence.
  • Le petit bonhomme triste qui s'affiche quand vous roulez trop vite Ă  l'entrĂ©e d'un village.
  • Votre plaque d'immatriculation qui apparaĂźt sur un Ă©norme panneau sur l'autoroute quand vous roulez trop vite.

Mais il y en a aussi dans le domaine des finances personnelles et nous allons voir cela avant de nous intéresser au cÎté obscur des nudges : les dark patterns.

En finance, les nudges sont utilisĂ©s pour nous inciter Ă  adopter de bonnes habitudes, comme Ă©pargner plus, Ă©viter les frais inutiles, ou encore prĂ©parer l’avenir.

Voici quelques exemples que je trouve intéressants.

L’un des nudges les plus efficaces consiste Ă  faire de la meilleure option financiĂšre le choix par dĂ©faut. Par exemple, de nombreuses entreprises inscrivent dĂ©sormais automatiquement leurs salariĂ©s Ă  un plan d’épargne retraite (avec possibilitĂ© de se dĂ©sinscrire).

Ce simple changement a fait exploser les taux de participation. En effet, les entreprises oĂč l’adhĂ©sion est automatique atteignent un taux de participation de 90 %, et moins de 10 % des salariĂ©s font l’effort de se dĂ©sinscrire quand l’épargne retraite est automatique. C'est presque deux fois plus que dans les entreprises oĂč les employĂ©s doivent eux-mĂȘmes faire le choix.

Sans contrainte, ce nudge pousse donc beaucoup plus de gens Ă  Ă©pargner pour leur retraite, alors que s’ils devaient prendre eux-mĂȘmes la dĂ©cision, nombre d’entre eux remettraient la dĂ©cision Ă  plus tard ou seraient figĂ©s parce qu'ils ne comprennent pas forcĂ©ment le mĂ©canisme.

À faire : si votre entreprise ne propose pas un plan d'Ă©pargne retraite automatiquement, n'hĂ©sitez pas Ă  aller leur demander.

Vous pouvez également décider de mettre en place vos propres nudges.

Effectivement, sur le mĂȘme principe que l'exemple des plans d'Ă©pargne retraite, automatiser certaines actions vertueuses vous "nudgera" Ă  les maintenir.

Par exemple, mettre en place un virement automatique en début de mois vers son compte épargne vous forcera à économiser avant de pouvoir dépenser.

Vous pouvez aussi utiliser des fonctionnalités d'arrondis pour épargner ou investir sans vous en rendre compte :

  • Revolut vous permet de faire cela pour Ă©pargner ou mĂȘme investir dans des cryptos ;
  • Bitstack vous permet d'investir vos arrondis dans du bitcoin.

À faire : testez les versions gratuites de Revolut ou encore Bitstack pour automatiser cette petite Ă©pargne. Et n'oubliez pas, c'est avec de petits flocons qu'on fait des boules de neige.

Certaines apps de finances personnelles ou bancaires utilisent des micro-incitations pour amĂ©liorer notre comportement financier. Par exemple, une appli bancaire peut afficher des notifications lorsque vous dĂ©passez le budget que vous vous ĂȘtes fixĂ©, pour vous alerter doucement et vous inciter Ă  modĂ©rer vos dĂ©penses.

BoursoBank m'envoie un petit mail quand le solde de mon compte est bas pour m'inciter Ă  ralentir afin d'Ă©viter d'ĂȘtre Ă  dĂ©couvert et de payer des frais trĂšs Ă©levĂ©s.

On voit aussi apparaĂźtre de plus en plus des Ă©lĂ©ments de gamification positive, comme fĂȘter avec des confettis ou des badges le fait d’avoir atteint son objectif d’épargne du mois, par exemple, pour renforcer ce comportement par une rĂ©compense symbolique.

La maniÚre de présenter une décision financiÚre influence grandement nos choix.

Par exemple, prĂ©senter un effort d’épargne sous l’angle d’une perte Ă  Ă©viter est souvent plus persuasif. Eh oui, les humains dĂ©testent perdre des choses.

Si l’on vous dit "En n’épargnant pas 50 € par mois, vous perdez l’opportunitĂ© d’avoir 600 € de cĂŽtĂ© Ă  la fin de l’annĂ©e", cela peut davantage vous motiver Ă  Ă©pargner que de vous dire simplement "Épargnez 50 € par mois pour avoir 600 € plus tard".

C’est ce qu'on appelle le framing effect ou effet de cadrage : le mĂȘme fait peut ĂȘtre formulĂ© de façon positive ou nĂ©gative, et nos dĂ©cisions changent.

Un fournisseur d’énergie qui indique "vous gaspillez X € par an par manque d’isolation" incite davantage aux travaux que s’il disait "vous pourriez Ă©conomiser X €" . De mĂȘme, une banque peut prĂ©senter le fait d’épargner comme Ă©viter de “perdre” de l’argent inutilement, ce qui joue sur notre aversion aux pertes pour nous pousser dans la bonne direction.

Alors oui, certaines personnes pourraient dire que cela joue sur notre FOMO (Fear of Missing Out, ou la peur de passer Ă  cĂŽtĂ© de quelque chose) qui peut nous culpabiliser, mais si c'est dans notre meilleur intĂ©rĂȘt, est-ce vraiment une mauvaise chose ? Vous avez 2 heures.

Ce programme, conçu par Richard Thaler et Shlomo Benartzi, propose aux employĂ©s d’augmenter automatiquement leur taux d’épargne Ă  chaque augmentation de salaire. Comme l’augmentation de l'Ă©pargne se dĂ©roule avant que le salariĂ© ne s’habitue Ă  son nouveau salaire, il ne ressent pas la perte de pouvoir d’achat immĂ©diate, ce qui rĂ©duit l’aversion Ă  l’épargne.

À faire : il est trĂšs probable que ce genre de systĂšme ne soit pas en place dans votre entreprise, donc essayez de le garder en tĂȘte pour le mettre en place manuellement lors de votre prochaine augmentation.

Avant de passer au cĂŽtĂ© obscur des nudges, place Ă  notre deuxiĂšme partenaire du jour qui vous permet d'investir dans les plus beaux fonds de private equity Ă  partir de 100 €. Il faut savoir que ces fonds Ă©taient longtemps seulement accessibles aux personnes les plus fortunĂ©es...

Comme l'exemple de Substack au dĂ©but, les dark patterns sont vraiment partout. Ils sont mĂȘme certainement beaucoup plus nombreux que les nudges, malheureusement.

Et le pire, c'est que souvent, les personnes dans le marketing ou en design les utilisent sans forcĂ©ment faire exprĂšs, car les rĂ©sultats lors de tests Ă©taient meilleurs. Je suis moi-mĂȘme coupable d'en utiliser certains, mĂȘme si j'essaye d'Ă©viter au maximum.

Ici, les mĂȘmes leviers comportementaux qu'on Ă©voquait tout Ă  l'heure peuvent ĂȘtre utilisĂ©s de maniĂšre trompeuse pour servir les intĂ©rĂȘts d’une entreprise, d'une institution ou mĂȘme d'un parti politique au dĂ©triment du consommateur et de l'individu.

On parle donc de dark patterns. Ce terme nous vient de l’expert Harry Brignull et dĂ©signe des astuces de conception d’interface qui exploitent nos biais psychologiques afin de nous forcer la main. Souvent, un dark pattern rend trĂšs facile le fait de s’engager dans une action (achat, abonnement
), mais trĂšs difficile le fait d’en sortir (vous avez certainement dĂ©jĂ  vu des services auxquels on peut souscrire en ligne, mais il faut envoyer une lettre recommandĂ©e pour se dĂ©sinscrire...).

Ces techniques, que l’on retrouve sur de nombreux sites marchands et services en ligne, vous manipulent pour vous pousser Ă  faire quelque chose que vous n’auriez probablement pas fait en toute luciditĂ©.

Sans grande surprise, les dark patterns prolifĂšrent notamment dans le numĂ©rique : une Ă©tude a trouvĂ© que 11 % des 11 000 sites d’e-commerce analysĂ©s utilisaient au moins un dark pattern d’interface, avec une frĂ©quence encore plus Ă©levĂ©e parmi les sites les plus populaires.

Et le secteur financier n’y Ă©chappe pas – au contraire. Les banques, apps de budget, courtiers en ligne et autres services financiers en ligne, savent que la finance peut vite devenir complexe et intimidante pour le client moyen.

Certains en profitent et ajoutent des manipulations visuelles dans la conception de leurs applis ou formulaires pour pousser l’utilisateur vers ce qui les arrange, parfois au mĂ©pris de son intĂ©rĂȘt. Voici un exemple qui me frappe toujours et qu'on retrouve dans plein d'apps de trading : les actions les plus populaires. Par exemple ici, Revolut nous donne une liste des actions qui sont souvent achetĂ©es pour la premiĂšre fois par des investisseurs :

Est-ce que je conseillerais à une jeune ou un jeune investisseur d'investir dans 05Y, une biotech avec une capitalisation boursiÚre de seulement 46 millions de dollars qui a perdu plus de 90 % de sa valeur depuis 2021 ? Jamais de la vie. Pourtant, la façon dont Revolut met en avant cette action peut faire croire à la personne qui investit que c'est une bonne idée, car populaire. C'est un dark pattern selon moi. Pour Revolut c'est cool, car cela peut facilement générer un trade et donc des commissions, mais pas forcément pour l'investisseur.

Trading 212 utilise aussi des interfaces similaires, avec par exemple un classement des meilleurs mouvements :

Si un jeune investisseur lit le mot "meilleur" qu'est-ce qu'il se dit ? Sûrement que c'est une bonne idée d'investir dans cette action. Alors que ce n'est pas forcément le cas du tout.

Autre exemple, un site bancaire peut mettre visuellement en avant l’option qui l’arrange (bouton colorĂ©, encadrĂ© attractif) et relĂ©guer en petit lien discret l’option alternative qui serait meilleure pour l’usager. Une couleur vive sur le bouton "J’accepte" et un gris terne sur "Non merci" suffit parfois Ă  orienter notre clic.

Il existe de trÚs nombreux dark patterns, allant de la simple formulation biaisée, comme je montrais au-dessus, aux véritables tromperies sans aucune honte.

Voici une petite liste de techniques manipulatrices courantes que vous devez connaßtre selon moi, et des solutions pour s'en sortir :

C’est le classique "entrĂ©e facile, sortie difficile". S’inscrire ou acheter est un jeu d’enfant, mais se dĂ©sabonner ou fermer le compte relĂšve du parcours du combattant. Un exemple courant : vous souscrivez en ligne Ă  un service en deux clics, mais pour vous dĂ©sabonner, il faut impĂ©rativement appeler le service client (et subir de longues attentes et tentatives de rĂ©tention), voire envoyer un courrier recommandĂ©, comme je disais plus haut. Beaucoup de services cachent le bouton "RĂ©silier" dans un sous-menu obscur, ou exigent de passer par une sĂ©rie interminable de pages de confirmation (“Êtes-vous sĂ»r de vouloir partir ? Vous allez perdre vos avantages”, etc.). Ce dark pattern peut vite dĂ©courager l'utilisateur, qui finit par laisser courir l’abonnement.

J'ai, par exemple, gardé un abonnement Neoness pendant des mois alors que je ne l'utilisais plus, car il fallait se rendre dans un centre...

À faire : utilisez un service comme ideel pour rĂ©silier un abonnement en toute simplicitĂ©. C'est grĂące Ă  eux que je me suis dĂ©barrassĂ© de mon abonnement Neoness.

Cette pratique vise Ă  dissimuler le coĂ»t rĂ©el d’un produit ou service jusqu’à ce que l’utilisateur soit engagĂ© dans le processus de paiement (c'est un peu l'effet IKEA, quand vous avez passĂ© du temps sur un truc, vous vous sentez plus impliquĂ©s).

Par exemple, un site comme Airbnb va afficher un taux ou prix de base trĂšs attractif, puis ajouter progressivement des frais obligatoires (frais de dossier, mĂ©nage, etc.) au fur et Ă  mesure que vous avancez, une fois que vous avez dĂ©jĂ  passĂ© du temps Ă  tout remplir. Cette tarification goutte Ă  goutte fait qu’à la derniĂšre Ă©tape, la note totale est bien plus Ă©levĂ©e que prĂ©vu initialement. À ce stade, beaucoup de clients acceptent quand mĂȘme de payer, ne voulant pas perdre le temps investi.

Qui n’a pas vu un site afficher "DĂ©pĂȘchez-vous ! Plus que 2 articles en stock" ou "Offre spĂ©ciale 99 € au lieu de 3499 € se termine ce soir" ? Booking.com ("2345 personnes sont en train de regarder cette chambre" 😅) et les vendeurs de formations en ligne sont les meilleurs ici.

Jouer sur la peur de rater une offre (le fameux FOMO, fear of missing out) est une méthode éprouvée pour pousser un achat impulsif. Dans les services financiers aussi, on voit apparaßtre de fausses urgences : une banque en ligne enverra un mail "Votre taux préférentiel expire dans 24 h", ou un courtier affiche "Plus que quelques jours pour profiter de ce rendement exceptionnel !".

BoursoBank et Revolut font beaucoup ça avec les programmes de parrainage en disant qu'il ne reste que 10 jours pour profiter de ce parrainage boosté, mais bon, il revient tous les mois presque.

À faire : rĂ©flĂ©chissez toujours deux minutes. N'achetez pas un prix. Achetez un produit ou service qui vous rendra justement un service dont vous avez besoin. OK cette formation ne coĂ»te que 99 € au lieu de 4999 €, mais est-ce que vous allez vraiment la faire ? Certainement pas.

Le confirmshaming consiste à formuler un choix de maniùre à culpabiliser l’utilisateur s’il refuse.

Par exemple, un site de voyage qui propose une assurance annulation affichera deux options :  

  • "Oui, je veux ĂȘtre couvert" en vert bien visible ;
  • et Ă  cĂŽtĂ© "Non, je prendrai le risque de tout perdre".

De mĂȘme, une popup d’abonnement Ă  une newsletter vous fera cliquer sur "Non merci, je veux payer mes achats au prix fort" pour refuser l’offre de rĂ©duction d’inscription.

Cette pratique joue sur la crainte d’avoir des regrets ou d’ĂȘtre idiot de refuser. Elle peut pousser Ă  accepter un service non souhaitĂ©, rien que pour Ă©viter de se sentir coupable.

À faire : dĂšs que vous lisez un truc dans le genre, dites-vous que vous avez du texte en face, rien d'autre et que c'est fait exprĂšs pour vous manipuler. Avec ce rĂ©flexe, vous vous ferez bien moins manipuler.

Les formulaires ou cases Ă  cocher jouent souvent un rĂŽle dĂ©cisif dans nos choix. Certains sites utilisent des paramĂštres par dĂ©faut en leur faveur, sachant que beaucoup d’utilisateurs ne les modifieront pas.

Les compagnies aĂ©riennes et leurs assurances optionnelles font souvent ça. À un moment, Ryanair avait mĂȘme cachĂ© l'option pour ne pas prendre l'assurance dans un menu dĂ©roulant dont l'objectif Ă©tait de choisir le pays de rĂ©sidence pour justement prendre une assurance. C'est d'un autre level. 😅

En finance, on voit souvent des cases du type "J’accepte de recevoir des offres partenaires" qui peuvent ĂȘtre cochĂ©es par dĂ©faut, vous faisant involontairement accepter du spam commercial (mais je crois que c'est interdit aujourd'hui).

Cette stratégie repose sur notre tendance à ne pas toucher aux paramÚtres par défaut (par fainéantise ou inattention).

À faire : toujours vĂ©rifier les cases prĂ©cochĂ©es avant de valider une transaction en ligne, au risque sinon de subir ce que l’on n’a pas choisi.

Enfin, certaines plateformes financiĂšres empruntent aux jeux vidĂ©o ou aux rĂ©seaux sociaux des mĂ©canismes pour rendre l’usager accro ou imprudent. Par exemple, l’app de trading Robinhood a utilisĂ© pendant un temps des pluies de confettis Ă  chaque transaction boursiĂšre passĂ©e.

Ce design ludique avait pour effet de dĂ©dramatiser les opĂ©rations de trading et d’encourager du trading trĂšs frĂ©quent, presque comme un jeu (logique, vu que plus vous faites de transactions, plus Robinhood gagne de l'argent).

Mais pour vous, comme vous le savez si vous lisez Snowball depuis un moment, il est déconseillé de spéculer frénétiquement. Investir en bourse, pour 99 % de la population, c'est un marathon, pas un ensemble de sprints.

Le but de Robinhood est d'exploiter notre dopamine et notre goĂ»t du jeu, non pour notre bien, mais pour augmenter les volumes d’échanges (qui gĂ©nĂšrent des revenus pour la plateforme).

Et d'autres apps, notamment dans le secteur des cryptos, peuvent utiliser beaucoup de notifications push, des challenges ou des classements pour nous inciter Ă  revenir sans cesse, ce qui peut mener Ă  des pertes financiĂšres importantes.

À faire : Ă©vitez tout simplement ces applications, surtout si vous ĂȘtes dĂ©butantes ou dĂ©butants. Si votre niveau d'expertise est Ă©levĂ© et que vous ĂȘtes conscients de ces risques, vous n'ĂȘtes pas 100 % Ă  l’abri, mais le risque est bien plus faible.

Ce n'était qu'un petit aperçu de tous les nudges positifs et des dark patterns qu'on peut observer, mais c'est un excellent début pour vous faire prendre conscience des bienfaits ou des risques de certaines manipulations psychologiques.

N'oubliez pas que nous vivons dans un monde oĂč rien n’est neutre dans la façon dont les choix nous sont proposĂ©s. Que ce soit pour vous encourager Ă  mettre de l’argent de cĂŽtĂ© ou pour vous soutirer quelques euros de plus, les concepteurs de produits financiers utilisent largement ces techniques de nudge ou de manipulation.

Ce n’est pas nĂ©cessairement un complot malĂ©fique : parfois, c’est mĂȘme pour votre bien ou inconscient du cĂŽtĂ© des concepteurs.

Mais il est important que vous soyez toutes et tous conscients de ces influences, afin de reprendre le contrĂŽle.

La prochaine fois que vous naviguez sur une app bancaire, que vous souscrivez un abonnement ou que vous ĂȘtes tentĂ© par une offre "exceptionnelle", souvenez-vous de cette Ă©dition Snowball. Prenez quelques secondes pour rĂ©flĂ©chir et voir si vous vous faites manipuler et dans quel sens.

Ce petit recul critique vous permettra de profiter des "bons" nudges tout en évitant les piÚges qui peuvent coûter cher.

VoilĂ , c'est tout pour moi aujourd'hui !

Comme toujours, n'hésitez pas à répondre à ce mail si vous avez des remarques ou des questions. Je réponds toujours (et si ce n'est pas le cas, renvoyez-moi un mail, c'est que je l'ai raté).

Et si vous souhaitez aller plus loin, n'hĂ©sitez pas Ă  jeter un Ɠil Ă  Snowball Insights. On analyse une action par semaine, on dĂ©crypte un sujet Ă©conomique qui peut avoir un impact sur votre portefeuille et on dĂ©cortique une tendance qui peut intĂ©resser les investisseuses et investisseurs.

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Excellente soirée à toutes et à tous, et à trÚs vite.

Yoann ❀