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đ° S'enrichir grĂące aux dividendes : rĂȘve ou rĂ©alitĂ© ?
La stratégie de Geraldine Weiss, la grande dame des dividendes.
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Ce que vous allez apprendre dans cet article
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Comme toujours, mĂȘme dans l'immobilier, il existe un risque de perte en capital, diversifiez bien vos investissements.
Hey Snowballers,
J'espÚre que vous allez bien et que vous avez passé un excellent long week-end.
Aujourd'hui, comme nous avons pu le faire avec Ryan Reynolds, Jim Simons ou encore Peter Lynch, nous allons plonger dans la vie d'une personne qui a marqué le monde de l'investissement. Et cette semaine, pour commencer à rééquilibrer la balance, c'est d'une femme légendaire dont nous allons parler : Geraldine Weiss surnommée the Grande Dame of Dividends.
Et fun fact, Geraldine Weiss a elle-mĂȘme lancĂ© une newsletter en 1966 : Investment Quality Trends dans laquelle elle partageait ses analyses.
Je vais vous parler de sa vie aujourd'hui, mais aussi et surtout de sa stratégie qui consistait à se focaliser sur des entreprises solides qui versent des dividendes.
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Née à San Francisco le 16 mars 1926, Geraldine Weiss grandit dans une famille pour laquelle l'investissement est un gros sujet. Son pÚre est en effet agent immobilier et sa mÚre Sylvia, femme au foyer, mais surtout investisseuse autodidacte.
Ăa parle donc rĂ©guliĂšrement de bourse et d'investissements Ă table et dĂšs l'enfance, elle s'amuse Ă suivre les cours des actions dans le journal. Comme quoi, la famille et l'Ă©ducation ont un Ă©norme impact. Pensez-y si vous avez des enfantsâŠ
Alors que la finance Ă©tait un monde quasi exclusivement masculin (1000 fois pire qu'aujourd'hui), elle dĂ©cide d'Ă©tudier le business et la finance Ă l'universitĂ© de Californie, Berkeley, oĂč elle obtient son diplĂŽme en 1945.
Ă la sortie de la fac, Geraldine se heurte Ă la triste rĂ©alitĂ© : les sociĂ©tĂ©s de courtage et les banques ne voient en elle quâune future secrĂ©taire, pas une analyste ou une conseillĂšre. Loin de se dĂ©courager, elle dĂ©cide de crĂ©er sa propre voie. Fun fact : Geraldine a envisagĂ© une carriĂšre de chanteuse et de compositrice avant de se consacrer Ă la finance.
Bref, en 1966, elle lance son Snowball Ă elle : Investment Quality Trends (IQT), un bulletin dâinvestissement qui deviendra une rĂ©fĂ©rence. Elle signera ses analyses "G. Weiss" pour cacher aux lecteurs qu'elle est une femme. Ce n'est qu'en 1977, lors d'une Ă©mission TV, qu'elle rĂ©vĂšle au grand public (et Ă ses abonnĂ©s) que "G.", c'est pour Geraldine.
Autre anecdote croustillante : Geraldine Weiss Ă©tait une joueuse de bridge passionnĂ©e et a mĂȘme eu lâoccasion de jouer avec Warren Buffett (lui aussi un grand fan), autre lĂ©gende de la finance. Lorsque Buffett a appelĂ© son bureau pour organiser une partie, sa secrĂ©taire a dâabord cru Ă une blague et a raccrochĂ© au nez du cĂ©lĂšbre investisseur.
Du cĂŽtĂ© de sa thĂšse d'investissement, c'Ă©tait full dividend. Elle a mĂȘme Ă©tĂ© surnommĂ©e the Dividend Detective par ses pairs, tant elle Ă©tait douĂ©e pour dĂ©nicher les actions sous-Ă©valuĂ©es grĂące Ă lâanalyse des dividendes.
Alors qu'elle avait plusieurs enfants, elle a Ă©tĂ© la premiĂšre femme Ă fonder un service de conseil en investissement aux Ătats-Unis, Ă gĂ©rer un fonds sous son nom et Ă publier un bulletin dâanalyse boursiĂšre, ouvrant la voie Ă de nombreuses femmes dans la finance.
Son bulletin IQT a affiché pendant des décennies des performances supérieures à la moyenne du marché, avec une volatilité réduite. C'est justement tout ça qu'on va explorer maintenant.
Avant de commencer, définissons d'abord ce qu'est un dividende.
đ§âđ« Un dividende est la part du bĂ©nĂ©fice quâune sociĂ©tĂ© cotĂ©e (ou pas, d'ailleurs) choisit de reverser Ă ses actionnaires : lors de lâassemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, les actionnaires approuvent le montant proposĂ© par le conseil dâadministration, gĂ©nĂ©ralement exprimĂ© en euros par action. Ce versement constitue une rĂ©munĂ©ration directe de la dĂ©tention de titres : plus vous possĂ©dez dâactions, plus vous touchez de dividendes. Son niveau varie selon les profits rĂ©alisĂ©s, la politique de distribution et les besoins de financement futurs de lâentreprise. Il nâest donc jamais garanti et peut ĂȘtre rĂ©duit, suspendu ou augmentĂ© dâune annĂ©e sur lâautre. Enfin, on parle souvent de "rendement du dividende" pour dĂ©signer le rapport entre le dividende annuel et le cours de lâaction, un indicateur clĂ© pour comparer lâattractivitĂ© des diffĂ©rentes sociĂ©tĂ©s.
Tout d'abord, il faut savoir que la méthode de Geraldine s'inspire des principes du value investing enseignés par Benjamin Graham ou encore Charles Henry Dow. La principale différence, c'est que Geraldine se focalise quasi exclusivement sur le dividende comme baromÚtre de la santé et de la valeur d'une entreprise.
đĄ Ă retenir : Weiss part du principe que les dividendes sont une mesure beaucoup plus fiable de la performance dâune entreprise que les bĂ©nĂ©fices, car ils reprĂ©sentent un flux de trĂ©sorerie rĂ©el vers lâactionnaire, difficilement manipulable par la direction, contrairement aux rĂ©sultats comptables. Selon elle : "Les dividendes ne mentent pas". Une entreprise capable de verser et dâaugmenter rĂ©guliĂšrement ses dividendes sur de longues pĂ©riodes dĂ©montre une soliditĂ© financiĂšre, une gestion prudente et une capacitĂ© Ă traverser les cycles Ă©conomiques.
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Comme toujours, ce genre dâinvestissement comporte un risque de perte en capital partielle ou totale. Diversifiez bien et nâinvestissez que si vous avez dĂ©jĂ une Ă©pargne de sĂ©curitĂ© en place.
Cette thĂ©orie nous dit que chaque action (de qualitĂ©) oscille historiquement entre des niveaux de rendement du dividende Ă©levĂ©s (sous-valorisation) et faibles (survalorisation). Le rendement du dividende est calculĂ© en divisant le dividende annuel par le cours de lâaction. Lorsque le rendement atteint ou dĂ©passe ses niveaux historiques Ă©levĂ©s, cela signifie gĂ©nĂ©ralement que le cours de lâaction est bas par rapport Ă la valeur de lâentreprise, offrant ainsi une opportunitĂ© dâachat selon Geraldine. Ă lâinverse, un rendement historiquement bas indique que le titre est cher et quâil est temps de vendre.
Weiss a dĂ©montrĂ© que ce cycle de rendement se rĂ©pĂšte de façon prĂ©visible pour les blue chips, permettant dâacheter "bas" et de vendre "haut" sans avoir Ă trop se soucier des mouvements du marchĂ© dans leur ensemble.
đ§âđ« Action blue chip : une action d'une grande entreprise rĂ©putĂ©e, stable et financiĂšrement solide, souvent leader dans son secteur. Ces sociĂ©tĂ©s ont gĂ©nĂ©ralement un Ă©norme historique de rentabilitĂ©, versent rĂ©guliĂšrement des dividendes et sont considĂ©rĂ©es comme des investissements fiables Ă long terme. Des exemples classiques de blue chips incluent Apple, Microsoft, Johnson & Johnson, Coca-Cola, ou encore LVMH en France. Mais attention, cela ne veut pas dire que vous gagnerez forcĂ©ment en investissant dans ces boĂźtes.
Pour cocher les cases de Weiss, une société doit répondre à une série de critÚres quantitatifs et qualitatifs stricts, qui visent à garantir la solidité, la rentabilité et la régularité des dividendes. Les voici :
- Des dividendes versĂ©s sans interruption depuis au moins 25 ans. Pourquoi ? Cela garantit la rĂ©silience de lâentreprise Ă travers plusieurs cycles Ă©conomiques ;
- Croissance du dividende : le dividende doit avoir été augmenté au moins cinq fois au cours des 12 derniÚres années, ou avoir connu une croissance annuelle moyenne de 10 % sur 12 ans ;
- Notation de crĂ©dit Ă©levĂ©e : un rating "A" ou supĂ©rieur par Standard & Poorâs. Pourquoi ? Gage de soliditĂ© financiĂšre ;
- LiquiditĂ© et taille : au moins 5 millions dâactions en circulation et 80 investisseurs institutionnels (style Vanguard, Blackrock, etc.) au minimum ;
- Croissance des bĂ©nĂ©fices : les bĂ©nĂ©fices doivent avoir augmentĂ© au moins sept fois sur les 12 derniĂšres annĂ©es. Lâentreprise doit avoir dĂ©montrĂ© une croissance rĂ©guliĂšre de ses ventes et de ses bĂ©nĂ©fices, et ne pas avoir affichĂ© de pertes lors des rĂ©cessions ;
- Ratios financiers conservateurs : une dette infĂ©rieure Ă 50 % de la capitalisation boursiĂšre, payout ratio (taux de distribution) infĂ©rieur ou Ă©gal Ă 50 % (cela veut dire que lâentreprise ne distribue pas lâintĂ©gralitĂ© de ses bĂ©nĂ©fices et peut maintenir ses dividendes), price-to-book infĂ©rieur ou Ă©gal Ă 2, price-to-earnings ratio (PER) infĂ©rieur ou Ă©gal Ă 20.
Weiss recommande de nâinvestir que dans des sociĂ©tĂ©s qui remplissent la majoritĂ© de ces critĂšres, considĂ©rant quâil nâest pas nĂ©cessaire de tous les remplir Ă 100 %, mais que plus une entreprise coche de cases, plus elle est solide.
Une fois quâon a sĂ©lectionnĂ© des actions de qualitĂ© (solides, rentables, versant des dividendes rĂ©guliers, etc.), la mĂ©thode de Geraldine Weiss consiste Ă surveiller le rendement du dividende de chaque action par rapport Ă son historique sur 5 Ă 10 ans. Elle appelle cela le Dividend Yield Channel, câest-Ă -dire une sorte de tunnel entre les niveaux de rendement les plus hauts et les plus bas observĂ©s dans le passĂ©.
Le principe est super simple :
- On achĂšte une action quand son rendement du dividende est proche de son niveau le plus haut (souvent dans les 10 % supĂ©rieurs de son historique) â cela signifie que lâaction est probablement sous-Ă©valuĂ©e ;
- On vend quand le rendement approche de son minimum historique (les 10 % les plus bas) â cela indique que lâaction est peut-ĂȘtre trop chĂšre.
Cela oblige Ă vendre des actions devenues trop chĂšres (valorisĂ©es), mĂȘme si elles ont bien performĂ©, pour rĂ©investir dans des titres plus intĂ©ressants. Câest une stratĂ©gie hyper carrĂ©e qui permet de profiter des mouvements de prix, tout en rĂ©duisant le risque de perte lors des baisses de marchĂ©.
Voici un petit exemple concret : supposons quâune entreprise verse un dividende de 4 ⏠par action.
Si, historiquement, le rendement du dividende de cette entreprise varie entre 2 % et 6 %, alors :
- Ă 6 % de rendement, le prix de lâaction est : 4 ⏠÷ 0,06 = 66,67 âŹÂ ;
- Ă 2 % de rendement, le prix est : 4 ⏠÷ 0,02 = 200 âŹ.
đą Si lâaction se nĂ©gocie autour de 70 âŹ, elle est proche de son rendement maximum historique (donc potentiellement sous-Ă©valuĂ©e) â câest un bon moment pour acheter. đŽ Si elle vaut 190 âŹ, elle est proche de son rendement minimum historique â câest probablement le moment de vendre.
Elle considĂšre qu'un portefeuille doit ĂȘtre composĂ© de 10 Ă 25 actions, avec chaque action reprĂ©sentant 4 % Ă 5 % du portefeuille.
Du cÎté des secteurs, elle préconise une exposition de 20 % par secteur (donc vous ne pouvez pas avoir dix actions dans le secteur de l'agroalimentaire, par exemple).
MĂȘme si elle est fortement orientĂ©e vers les Ătats-Unis, elle prĂ©conise aussi une bonne diversification gĂ©ographique.
Contrairement Ă un Warren Buffett, lâhorizon dâinvestissement moyen de Weiss est relativement court : trois ans par titre environ, ce qui distingue sa mĂ©thode du buy and hold Ă©ternel. Weiss insiste sur la nĂ©cessitĂ© de réévaluer rĂ©guliĂšrement les titres, au moins une fois par an, et de vendre ceux qui deviennent surĂ©valuĂ©s ou qui ne remplissent plus les critĂšres de sĂ©lection.
Ce qui est intéressant avec sa méthode, c'est que les performances historiques montrent que la volatilité (les variations de prix) des portefeuilles construits selon la méthode Weiss est inférieure à celle des indices de marché (genre le S&P 500 ou le NASDAQ), tout en offrant des rendements supérieurs. On va justement regarder ça.
Pour juger tout ça, on va observer le portefeuille Lucky 13, publié chaque année dans la newsletter Investment Quality Trends qui constitue le laboratoire vivant de sa stratégie.
Comme son nom l'indique, ce portefeuille est composé de treize actions sélectionnées pour leur rendement du dividende élevé par rapport à leur historique, leur solidité financiÚre et le fait qu'il s'agit de blue chips.
Sur la pĂ©riode 2000-2019, le portefeuille Lucky 13 a gĂ©nĂ©rĂ© un rendement annuel moyen de 13,26 %, contre 7,66 % pour le S&P 500 sur la mĂȘme pĂ©riode. Et comme je le disais, cette surperformance ne sâest pas faite au prix dâune volatilitĂ© accrue : la volatilitĂ© du portefeuille Lucky 13 a Ă©tĂ© infĂ©rieure Ă celle du marchĂ©, avec moins dâannĂ©es en territoire nĂ©gatif.
Le S&P 500 est un indice boursier amĂ©ricain qui regroupe les 500 plus grandes entreprises cotĂ©es aux Ătats-Unis, reprĂ©sentant une large part de lâĂ©conomie amĂ©ricaine.
Sur les 30 derniÚres années, les recommandations principales de la newsletter IQT, basées sur la méthode Weiss, ont affiché un rendement annuel moyen de 10,44 %, contre 6,73 % pour le S&P 500 (aprÚs inflation).
Mais son portefeuille n'a pas toujours fait mieux que le S&P 500.
Sur les 10 derniÚres années (2015-2025), le Lucky 13 affiche un rendement annualisé de 10,33 %, avec une volatilité (écart-type) de 4,61, tandis que le S&P 500 (dividendes réinvestis) atteint 13,65 % de rendement annualisé, mais avec une volatilité supérieure (4,45).
Il faut aussi savoir que la stratégie Weiss a particuliÚrement bien résisté lors des périodes de marché complicadas. Par exemple, lors des crises boursiÚres de 2000-2002 et 2007-2009, les portefeuilles IQT ont affiché des pertes moindres que le S&P 500, grùce à la résilience des blue chips à dividendes et à la discipline de vente lors des phases de surévaluation.
Voici les performances du portefeuille en détail (en 2023) :
Source : iqtrends.com
De nombreux backtests montrent que la stratĂ©gie Weiss surperforme le S&P 500 sur la plupart des pĂ©riodes glissantes de 5 Ă 10 ans, avec une volatilitĂ© infĂ©rieure ou Ă©quivalente. Par exemple, sur la pĂ©riode 2000-2020, le Weiss Blue Chip Dividend Yield Screen a battu le S&P 500 sur 15 des 20 annĂ©es, avec des annĂ©es de sous-performance limitĂ©es aux phases de bulle technologique oĂč les valeurs de croissance sans dividende dominaient le marchĂ©.
La stratĂ©gie Weiss a permis dâidentifier des titres emblĂ©matiques qui ont gĂ©nĂ©rĂ© des performances incroyables sur le long terme. Lâexemple qui est souvent citĂ©, c'est celui de Coca-Cola, titre recommandĂ© par Weiss en 1982 alors que son rendement du dividende Ă©tait historiquement Ă©levĂ©. Entre 1982 et 1992, le cours de Coca-Cola a progressĂ© de 1285 %, et en incluant les dividendes, le rendement annuel moyen a atteint 34,6 %, contre 18,6 % pour le marchĂ© dans son ensemble. Dâautres exemples incluent Johnson & Johnson, Procter & Gamble, et Automatic Data Processing, tous sĂ©lectionnĂ©s pour leur croissance rĂ©guliĂšre du dividende, leur soliditĂ© financiĂšre et leur valorisation attractive au moment de lâachat.
đĄ Ă retenir : les rĂ©sultats historiques de la stratĂ©gie de Geraldine Weiss tĂ©moignent de sa capacitĂ© Ă gĂ©nĂ©rer des rendements supĂ©rieurs Ă ceux du marchĂ© sur le long terme, tout en offrant une volatilitĂ© rĂ©duite et une meilleure protection en pĂ©riode de crise. Mais cela ne veut pas dire que sa stratĂ©gie fait toujours mieux que le S&P 500. Ce dernier surperforme souvent pendant les pĂ©riodes oĂč les entreprises de croissance sont plĂ©biscitĂ©es par les investisseurs (comme en ce moment).
Lâune des critiques majeures concerne la focalisation quasi exclusive sur le rendement du dividende comme critĂšre de valorisation et de dĂ©cision dâachat/vente. De nombreux analystes soulignent que le dividende ne doit pas ĂȘtre le seul indicateur de la qualitĂ© ou du potentiel dâune action. Un rendement Ă©levĂ© peut parfois masquer des difficultĂ©s structurelles de lâentreprise, comme une baisse du cours liĂ©e Ă des perspectives de croissance dĂ©gradĂ©es ou Ă des risques sectoriels. Acheter une action uniquement parce que son rendement est Ă©levĂ© expose lâinvestisseur au risque dâinvestir dans une sociĂ©tĂ© dont le dividende Ă©levĂ© nâest que le reflet dâune situation difficile, susceptible de dĂ©boucher sur une rĂ©duction ou mĂȘme une suppression du dividende et une chute du cours de l'action.
La stratĂ©gie Weiss tend Ă©galement Ă ignorer les sociĂ©tĂ©s Ă forte croissance qui rĂ©investissent leurs bĂ©nĂ©fices plutĂŽt que de les distribuer, comme câest le cas des gĂ©ants de la tech (Amazon, Alphabet, Meta, etc.), qui ont gĂ©nĂ©rĂ© des performances boursiĂšres nettement supĂ©rieures aux choix de Weiss ces deux derniĂšres dĂ©cennies.
De plus, et c'est un peu plus technique, mais la stratĂ©gie de Weiss se heurte Ă la thĂ©orie de la neutralitĂ© du dividende (Miller et Modigliani en 1961) qui nous dit que, dans un marchĂ© parfait, la politique de distribution de dividendes nâa pas dâimpact sur la valeur de lâentreprise.
Effectivement, le versement dâun dividende nâenrichit pas lâactionnaire, car la valeur de lâaction baisse du montant du dividende dĂ©tachĂ© mĂ©caniquement, et lâinvestisseur pourrait tout aussi bien vendre une partie de ses actions pour gĂ©nĂ©rer un revenu Ă©quivalent.
Les partisans de cette approche considĂšrent que la focalisation sur le dividende est un biais cognitif, et que la crĂ©ation de valeur pour lâactionnaire passe avant tout par la croissance des bĂ©nĂ©fices et la bonne allocation du capital, quâelle se traduise par des dividendes, des rachats dâactions ou des rĂ©investissements. Je suis personnellement plutĂŽt dans ce camp-lĂ d'ailleurs.
Pour finir, la stratĂ©gie Weiss ne prend pas en compte les rachats dâactions, qui sont devenus un mode de redistribution du capital privilĂ©giĂ© par de nombreuses entreprises amĂ©ricaines, car ils sont plus flexibles et fiscalement efficients.
Pour rappel, quand une entreprise rachĂšte ses propres actions, cela veut dire qu'il y en a moins en circulation donc vu que l'offre chute et que la demande reste stable, voire augmente, alors le prix de l'action tend Ă grimper.
Ah attendez, j'aimerais rajouter une autre critique : il s'agit d'une gestion active de son portefeuille, donc cela nĂ©cessite pas mal d'Ă©nergie pour acheter et revendre des actions rĂ©guliĂšrement. Ce n'est donc pas une stratĂ©gie intĂ©ressante pour les personnes qui dĂ©butent ou qui ne veulent pas se prendre la tĂȘte.
Geraldine Weiss est une incroyable investisseuse et sa stratégie possÚde de nombreuses forces. Cela dit, comme beaucoup d'investisseurs professionnels, elle n'est pas évidente à reproduire par des personnes qui débutent.
De plus, plusieurs Ă©tudes en finance comportementale mettent en avant le rĂŽle des biais psychologiques dans la popularitĂ© des stratĂ©gies Ă dividende. Les investisseurs et investisseuses ont tendance Ă surĂ©valuer la sĂ©curitĂ© et la rĂ©gularitĂ© des dividendes, les percevant comme un revenu "gratuit", "sĂ»r" et "passif" alors quâil sâagit dâun simple transfert de valeur de lâentreprise vers lâactionnaire. N'importe qui pourrait vendre des parts d'actions pour gĂ©nĂ©rer l'Ă©quivalent de dividendes selon la thĂ©orie de Miller et Modigliani et ce, mĂȘme si l'entreprise ne verse pas de dividendes. En effet, quand une entreprise verse un dividende, le prix de son action baisse exactement du montant du dividende distribuĂ©.
Pour conclure, lâhĂ©ritage de Geraldine Weiss rĂ©side autant dans l'originalitĂ© et la robustesse de sa mĂ©thode que dans lâexemple quâelle a donnĂ© : celui dâune investisseuse indĂ©pendante, mĂ©thodique et visionnaire, qui a su transformer une passion en un petit empire malgrĂ© les difficultĂ©s.
Big up Ă Geraldine Weiss.
VoilĂ , c'est tout pour moi aujourd'hui !
J'espÚre que cette édition vous a plu et comme toujours, n'hésitez pas à répondre à ce mail si vous avez des remarques ou des questions. Je réponds toujours (et si ce n'est pas le cas, renvoyez-moi un mail, c'est que je l'ai raté).
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Excellente soirée à toutes et à tous, et à trÚs vite.
Yoann â€ïž