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đ©âđ« La financiarisation de l'Ă©ducation
Quand l'étudiant devient client. Une analyse économique du systÚme éducatif.
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Ce que vous allez apprendre dans cet article
đ©âđ«Â Learn : 4 fois par mois, nous creusons un sujet des finances personnelles pour vous aider Ă mieux le comprendre.
Cette newsletter est gratuite pour tous·tes les abonné·es.
â±ïžÂ Temps de lecture : 18 minutes
Hey Snowballers,
Ici Yoann, j'espĂšre que vous allez bien !
Plus de 70 000 âŹ. C'est le montant que vous devrez sortir pour le cursus complet du Programme Grande Ăcole de HEC. Et en moyenne, les frais de scolaritĂ© des Ă©coles de commerce françaises sont de 45 186 âŹ. Alors oui, cela dĂ©pend du parcours et de la situation sociale de l'Ă©tudiant, mais les frais sont tout de mĂȘme gigantesques.
C'est pour cette raison que je souhaite aujourd'hui explorer la question de la financiarisation du systÚme éducatif sous un prisme économique. à la fin, je vous donnerai quelques pistes et autres ressources pour investir pour l'éducation de vos enfants, dont une peu connue et vraiment intéressante (sans imposition).
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Comme toujours, il existe un risque de perte partielle ou totale du capital investi.
Comme je disais, le sujet d'aujourd'hui n'est pas 100 % dédié aux finances personnelles, mais les deux sont intimement liés. Pourquoi ?
- Les études ont un coût non négligeable pour les parents (qui doivent donc penser à investir pour leurs enfants) ;
- les études peuvent influencer les futurs revenus des étudiantes et étudiants ;
- le systÚme éducatif d'un pays contribue fortement à son développement économique.
De ce fait, lâenseignement supĂ©rieur français a longtemps Ă©tĂ© perçu comme un pilier du service public et de lâĂ©galitĂ© des chances.
Et ce systĂšme est en train d'Ă©voluer sous lâeffet de la financiarisation, lâĂ©tudiant nâest plus seulement un bĂ©nĂ©ficiaire dâun service public pour apprendre, mais tend Ă devenir un client.
Cette transformation, dĂ©jĂ bien avancĂ©e aux US, sâaccĂ©lĂšre en France Ă travers la hausse des frais de scolaritĂ©, la diversification de lâoffre privĂ©e, le dĂ©veloppement du crĂ©dit Ă©tudiant et la montĂ©e en puissance des logiques de rentabilitĂ© individuelle. Regardez-moi ce graphique qui fait peur :
Source : MisterPrepa
+80,67 % pour HEC et +94,18 % pour l'ESCP ! Depuis 2011, les frais de scolaritĂ© des Ă©coles de management/commerce ont augmentĂ© de 75 % en moyenne. Le coĂ»t moyen dâune scolaritĂ© en Ă©cole est passĂ© de 25 761 Ă 45 186 euros, selon MisterPrepa.
De mon cÎté, j'ai eu la "chance" de ne pas payer mes études trop cher en passant seulement par des universités publiques.
Petit fun fact : je souhaitais faire une Ă©cole de commerce, mais mes parents Ă©tant en dossier de surendettement, il fallait une autre caution pour obtenir un prĂȘt Ă©tudiant. Mon oncle ayant refusĂ©, je me suis dirigĂ© vers une licence d'Ă©conomie dans une universitĂ© publique. A posteriori, je peux vous dire que c'Ă©tait finalement une excellente chose. Je n'ai presque rien payĂ© pour mes Ă©tudes par rapport Ă une Ă©cole de commerce et j'ai eu beaucoup plus de flexibilitĂ©. Pour illustrer cela, je n'ai pas fait deux annĂ©es d'affilĂ©e dans la mĂȘme fac au cours de mes huit annĂ©es d'Ă©tudes (dont deux annĂ©es sabbatiques). Bref, plongeons dans le vif du sujet.
Je suis récemment tombé sur cette vidéo de Jared Henderson (un écrivain et philosophe qui partage beaucoup de contenu sur YouTube) qui m'a donné envie d'écrire cette newsletter aujourd'hui.
La vidéo présente une transformation majeure de l'enseignement supérieur, en particulier aux US, mais qu'on retrouve de plus en plus en France.
Selon Jared, les étudiants deviennent des clients.
Il nous rappelle qu'historiquement, le modÚle universitaire américain s'inspirait du modÚle allemand du 19e siÚcle, basé sur l'unité de l'enseignement et de la recherche, avec la "Véritas" (la Vérité) comme valeur fondamentale.
Les professeurs Ă©taient censĂ©s enseigner et ĂȘtre des chercheurs de renommĂ©e mondiale. Mais ça, c'Ă©tait avant.
Aujourd'hui, les universités américaines et les écoles de commerce françaises ne se présentent plus principalement comme des lieux de recherche de la vérité et d'éducation. Non, elles vendent désormais le diplÎme universitaire comme un investissement pour la réussite future et comme une façon de générer plus de revenus, mettant l'accent sur les avantages économiques, comme les gains futurs, la stabilité de l'emploi, l'employabilité et le réseautage.
L'éducation pure n'est guÚre mentionnée dans leur rhétorique.
Les diplÎmes deviennent des investissements dont on espÚre un retour financier. Les étudiants ne sont plus vus comme des apprenants, mais comme des clients auxquels on veut vendre quelque chose. Et du coup, les établissements offrent des services, des salles de sport, des campus cool et autres expériences.
Ils se concentrent sur le marketing et l'image de marque, utilisant notamment les classements, comme celui du Figaro Ătudiant, de LâĂtudiant, du Parisien Ătudiant ou de Challenges pour attirer les Ă©tudiants, parfois en payant, pour utiliser ces derniers comme arguments marketing.
Et mĂȘme les Ă©tudiants eux-mĂȘmes comprennent qu'on commence Ă les prendre pour des vaches Ă lait : une enquĂȘte amĂ©ricaine a rĂ©vĂ©lĂ© que 65 % des Ă©tudiants se considĂšrent comme des clients. Ils ont l'impression d'acheter quelque chose plutĂŽt que de rejoindre une institution dĂ©diĂ©e Ă un objectif commun.
Alors oui, historiquement, la France sâest distinguĂ©e par son modĂšle dâenseignement supĂ©rieur largement public et massivement subventionnĂ© par lâĂtat. Et c'est en partie toujours le cas.
Les frais dâinscription dans les universitĂ©s publiques restent parmi les plus bas de lâOCDE : 175 ⏠par an en licence, 250 ⏠en master, 618 ⏠en Ă©cole dâingĂ©nieur publique, et 391 ⏠en doctorat pour lâannĂ©e 2024-2025.
Pour rappel, il ne s'agit pas du coĂ»t vĂ©ritable d'une annĂ©e. Ces frais couvrent seulement environ 2,5 % du coĂ»t rĂ©el dâun Ă©tudiant (environ 10 000 ⏠par an) et tout ça est rendu possible par une forte dĂ©pense publique, qui finance plus de 90 % du coĂ»t total.
Cependant, cette situation évolue rapidement vers un modÚle similaire aux Américains. La part des étudiants inscrits dans le secteur privé a doublé en vingt ans, atteignant prÚs de 27 % en 2024.
Les frais de scolaritĂ© dans les Ă©coles privĂ©es, notamment de commerce et dâingĂ©nieurs, ont explosé : jusquâĂ 11 000 ⏠par an pour une Ă©cole de commerce, 7000 ⏠pour une Ă©cole dâingĂ©nieur, et jusquâĂ 18 000 ⏠dans certains Ă©tablissements privĂ©s.
Et mĂȘme dans le public, certaines filiĂšres sĂ©lectives (Sciences Po et Dauphine, par exemple) ont introduit des frais diffĂ©renciĂ©s qui peuvent dĂ©passer 13 000 ⏠par an.
La privatisation ne se limite pas Ă la multiplication des Ă©tablissements privĂ©s. Elle sâaccompagne dâune logique de marchĂ© : concurrence entre Ă©tablissements pour attirer les "meilleurs clients", marketing agressif des Ă©coles et des banques, diffĂ©renciation des diplĂŽmes et recherche de rentabilitĂ©, parfois au dĂ©triment de la mission de service public.
Les Ă©tudiants deviennent alors des consommateurs sommĂ©s de choisir, dâinvestir, de sâendetter, et dâoptimiser leur "retour sur investissement" Ă©ducatif.
Et pour financer tout ça, ben il faut souvent faire des prĂȘts. Parlons maintenant de la financiarisation de l'Ă©ducation et du fait que prĂšs de 10 % des Ă©tudiants français ont recours Ă des prĂȘts et que ce chiffre est en constante augmentation.
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Comme toujours (et encore plus avec les startups), il existe un risque de perte partielle ou totale du capital investi. N'investissez que ce que vous ĂȘtes prĂȘts Ă perdre.
Quand on regarde cette page du SĂ©nat, mĂȘme eux voient les Ă©tudes comme un "produit" quand ils parlent du prĂȘt Ă remboursement contingent, un prĂȘt dont les mensualitĂ©s ne sont donc pas dĂ©finies Ă l'avance en fonction des sommes empruntĂ©es, mais dĂ©terminĂ©es sur la base du revenu courant de l'emprunteur :
Le prĂȘt Ă remboursement contingent (PARC) « repose sur l'idĂ©e que les Ă©tudes permettent d'augmenter l'espĂ©rance de revenu et qu'une partie de ce gain peut donc ĂȘtre consacrĂ©e au remboursement de l'aide qui permet d'obtenir ce surcroĂźt de revenu ».
Source : mission d'information du Sénat
Je ne vous partage pas ça pour parler de ce type de prĂȘt, mais plus vous montrer Ă quel point cette logique de financiarisation des Ă©tudes s'immisce un peu partout.
Face Ă la hausse des coĂ»ts, le recours Ă lâemprunt devient donc une nĂ©cessitĂ© pour une part croissante des Ă©tudiants, notamment dans les filiĂšres sĂ©lectives et privĂ©es, comme les Ă©coles de commerce. Environ 10 Ă 12,5 % des Ă©tudiants français ont contractĂ© un prĂȘt Ă©tudiant, un chiffre en hausse continue.
Et si on regarde les Ătats-Unis, qui ont souvent un temps d'avance sur nous, on peut imaginer le pire. Surtout quand on voit l'Ă©tat des finances de la France, qui risque d'avoir du mal Ă financer massivement le systĂšme Ă©ducatif.
En effet, le systĂšme amĂ©ricain repose massivement sur les prĂȘts Ă©tudiants : 70 % des Ă©tudiants contractent un prĂȘt, pour une dette totale dĂ©passant 1700 milliards de dollars en 2023, soit prĂšs de 10 % de la dette totale des mĂ©nages amĂ©ricains. Lâendettement moyen par Ă©tudiant est de 35 500 âŹ, avec des durĂ©es de remboursement qui sâĂ©tendent souvent jusquâĂ 40 ou 50 ans !
La France se distingue par une forte solidaritĂ© familiale et un systĂšme dâaides sociales (bourses sur critĂšres sociaux dont j'ai pu bĂ©nĂ©ficier et qui m'ont grandement aidĂ©, ou encore les aides au logement), mais ces dispositifs sont jugĂ©s insuffisants face Ă la hausse des coĂ»ts. On peut donc imaginer que, petit Ă petit, on va se diriger vers un modĂšle proche du modĂšle amĂ©ricain.
Aux US, les prĂȘts Ă©tudiants comblent en partie le vide laissĂ© par la baisse du financement public des universitĂ©s, qui a diminuĂ© d'environ 20 % au niveau des Ătats entre 2008 et 2013, et n'a pas encore retrouvĂ© son niveau d'avant 2008. On peut imaginer quelque chose de similaire en France.
Et ce modÚle peut créer pas mal de problÚmes...
Vous le savez certainement dĂ©jĂ , la financiarisation de lâĂ©ducation accentue les inĂ©galitĂ©s dâaccĂšs Ă lâenseignement supĂ©rieur de qualitĂ©. Les familles les plus aisĂ©es peuvent investir dans les meilleures Ă©coles, les cursus internationaux, les logements Ă©tudiants en centre-ville, tandis que les plus modestes doivent se contenter de lâoffre publique ou recourir Ă lâendettement, avec tous les risques que cela comporte.
Oui, il existe des contre-exemples et j'en fais partie. J'ai étudié dans des universités publiques et je m'en suis trÚs bien sorti. Je ne parle pas de cas isolé ici, mais de phénomÚnes macroéconomiques bien réels.
En France, seuls 9 % des Ă©tudiants de grandes Ă©coles ont des parents issus de milieux modestes, contre 64 % issus de milieux trĂšs favorisĂ©s. Les enfants dâouvriers et dâemployĂ©s sont largement sous-reprĂ©sentĂ©s dans les filiĂšres sĂ©lectives, en master et en doctorat.
Les bourses et aides publiques, bien quâimportantes (jusquâĂ 6335 ⏠par an pour les bourses sur critĂšres sociaux en 2023-2024), ne suffisent pas Ă compenser lâĂ©cart croissant entre le coĂ»t rĂ©el des Ă©tudes et les ressources des familles modestes. Le risque est de voir se dĂ©velopper une âĂ©ducation Ă deux vitessesâ, oĂč lâaccĂšs aux meilleures formations devient un privilĂšge rĂ©servĂ© Ă ceux qui peuvent payer.
Alors oui, le recours au crĂ©dit Ă©tudiant permet dâaccĂ©der Ă des formations coĂ»teuses, mais il fait peser un risque de prĂ©carisation Ă©norme sur les jeunes diplĂŽmĂ©s, qui dĂ©butent leur vie active avec une dette Ă rembourser, parfois sans garantie dâun emploi Ă la hauteur de leurs espĂ©rances (et encore plus aujourd'hui, quand on voit Ă quelle vitesse le marchĂ© peut Ă©voluer Ă cause de l'IA).
Aux Ătats-Unis, ce phĂ©nomĂšne a des consĂ©quences sociales majeures (retard dans lâaccĂšs Ă la propriĂ©tĂ©, Ă la parentalitĂ©, Ă lâĂ©pargne retraite), et la France commence Ă en percevoir les prĂ©mices.
Et d'un point de vue macro, Ă l'Ă©chelle du pays, cette financiarisation est trĂšs problĂ©matique, car la logique de rentabilitĂ© individuelle tend Ă orienter les choix dâĂ©tudes vers les filiĂšres les plus ârentablesâ (commerce, ingĂ©nierie, santĂ©), au dĂ©triment des disciplines moins rĂ©munĂ©ratrices, mais essentielles Ă la sociĂ©tĂ© (sciences humaines, arts, recherche fondamentale).
Ce biais peut donc appauvrir la diversitĂ© intellectuelle et culturelle de la sociĂ©tĂ©, et rĂ©duire la capacitĂ© dâinnovation Ă long terme.
Et pour terminer, la transformation de lâĂ©tudiant en un client comme un autre modifie la relation pĂ©dagogique : lâenseignant devient un prestataire de services, lâĂ©tablissement un fournisseur, et la logique de satisfaction du client peut entrer en tension avec les exigences acadĂ©miques et la mission de formation citoyenne de lâuniversitĂ©. Pour faire simple et rĂ©sumer, on voit souvent des profs mettre de bonnes notes pour satisfaire un Ă©tudiant qui a payĂ© cher son annĂ©e (je caricature un peu, mais peut-ĂȘtre pas tant que ça).
Le modÚle français se dirige vers un modÚle similaire au modÚle américain, mais toutes choses égales par ailleurs.
Que se passe-t-il si on ajoute de l'IA dans l'équation ?
Un bouleversement, selon moi et Trung Phan, un auteur business que j'adore aussi.
L'IA et notamment ChatGPT sont énormément utilisés par les étudiants pour "tricher" sur les dissertations et autres travaux écrits. Certains étudiants déclarent que l'IA écrit 80 % de leurs essais et qu'ils en sont devenus dépendants pour leur travail scolaire.
Franchement, je ne les blùme pas. à mon époque, Wikipédia était une aubaine et je suis certain que j'aurais utilisé ChatGPT comme eux. Si vous me dites le contraire, je ne vous crois pas.
Et cette apparition de l'IA remet clairement en question une pratique pédagogique (la dissertation/le devoir écrit) qui était le socle des études depuis plus de mille ans (oui, oui).
Désormais, un devoir de qualité "B" ou environ 13/20 chez nous est potentiellement accessible en un seul prompt et quelques secondes.
Les enseignants tentent de riposter par diverses méthodes, mais ils galÚrent vraiment. Les détecteurs d'IA se révÚlent peu fiables, avec des taux d'échec élevés et des faux positifs, notamment pour les étudiants neurodivergents ou dont l'anglais n'est pas la langue maternelle.
Amusez-vous Ă passer la constitution des Ătats-Unis dans un dĂ©tecteur, par exemple :
Bref, l'IA menace donc directement trois objectifs clés que l'université est censée fournir :
- le développement de la pensée critique ;
- l'acquisition de connaissances ;
- et une forme de "signalisation" pour le marché de l'emploi.
Si les enseignants partent du principe que les devoirs faits à la maison sont générés par l'IA, le systÚme de notation perd sa crédibilité, d'autant plus qu'il souffre déjà d'inflation des notes comme on expliquait plus haut.
Ătant donnĂ© que l'IA gĂ©nĂ©rative est dĂ©sormais partout et que les gĂ©nĂ©rations futures l'utiliseront quotidiennement, les universitĂ©s et autres Ă©coles de commerce doivent impĂ©rativement intĂ©grer cette technologie dans leur cursus.
Savoir comment utiliser l'IA de maniĂšre efficace (manipuler les modĂšles, poser les bonnes questions, crĂ©er les bonnes requĂȘtes) deviendra une compĂ©tence prĂ©cieuse pour l'avenir professionnel. "Ce n'est pas l'IA qui prendra votre emploi, mais quelqu'un qui sait utiliser l'IA".
Et modifier la façon de noter les étudiants va devenir aussi primordial.
Selon Trung, évaluer le processus (workflow) plutÎt que le résultat d'un examen, et se concentrer sur des projets concrets en se concentrant sur l'engagement réel de l'étudiant et l'acquisition de compétences pertinentes est ce vers quoi nous devons tendre, plutÎt que vers de simples diplÎmes obtenus via des méthodes obsolÚtes.
Outre cela, l'IA peut permettre de rendre l'Ă©ducation plus accessible et justement moins financiarisĂ©e en la transformant en outil au service de lâhumain et non comme un simple accĂ©lĂ©rateur de la logique client. On peut imaginer plusieurs choses :
- redonner du sens Ă la relation pĂ©dagogique en donnant plus de temps libre aux enseignants, qui peuvent se concentrer sur lâaccompagnement, la transmission de valeurs ou encore le dĂ©veloppement de compĂ©tences transversales (je pense surtout Ă l'esprit critique ici et Ă la crĂ©ativitĂ©) ;
- favoriser lâinclusion et lâĂ©quitĂ© en adaptant les contenus aux besoins spĂ©cifiques (handicap et autres difficultĂ©s dâapprentissage, par exemple) Ă moindres coĂ»ts. Je parlais il y a quelques mois dans un Snow Report du fait que nous aurons certainement l'Ă©quivalent de tuteurs perso IA dans le futur ;
Ce dernier point rejoint un des propos de Jared, qui nous dit qu'une des alternatives à l'université est l'éducation tout au long de la vie. L'IA pourrait devenir notre "sparring partner" qui nous aide à apprendre des choses tout au long de notre vie (attention aux biais et au fait que, pour l'instant, l'IA tend à aller dans votre sens). Une sorte de formation continue gratuite en soi.
Mais avant d'en arriver lĂ , peut-ĂȘtre que le systĂšme va changer doucement et, si vous ĂȘtes parents, vous devez commencer Ă investir pour vos enfants...
Entre 147 000 ⏠(revenus modestes) et 231 660 ⏠(familles aisĂ©es), soit une moyenne dâenviron 190 000 âŹ, c'est le coĂ»t d'un enfant jusqu'Ă ses 18 ans.
Et si on tire le trait jusqu'aux 25 ans, on tombe sur 264 000 ⏠pour un enfant unique, selon une étude transposable à la France.
On vous partagera d'ailleurs bientÎt un outil qu'on a développé pour vous aider à bien préparer l'arrivée d'un enfant d'un point de vue financier.
đ Gardez un Ćil sur mon LinkedIn et suivez-moi. Je le partagerai lĂ -bas en premier et gratuitement.
Bref, revenons Ă nos moutons. La pĂ©riode des Ă©tudes supĂ©rieures (18-25 ans) reprĂ©sente donc environ 30 000 Ă 60 000 âŹ, soit environ 12 Ă 23 % du coĂ»t total si on prend en compte le logement, les inscriptions, etc.
Selon le blog de Yomoni, "en 2018, une enquĂȘte menĂ©e par lâinstitut CSA auprĂšs de 500 parents français a rĂ©vĂ©lĂ© un budget moyen de 7132 ⏠annuels pour les Ă©tudes supĂ©rieures de leurs enfants. Compte tenu de lâaugmentation du coĂ»t de la vie, on peut tabler sur 8000 ⏠aujourdâhui."
đĄ Mon conseil principal : investissez le plus tĂŽt possible pour financer les Ă©tudes de votre enfant et son coĂ»t, tout simplement. IdĂ©alement, mĂȘme avant son arrivĂ©e (parce que oui, un bĂ©bĂ© coĂ»te trĂšs cher et vous ne pourrez peut-ĂȘtre pas facilement investir les premiĂšres annĂ©es).
Si on se focalise seulement sur les études, combien faut-il placer par mois pendant 18 ans pour obtenir entre 20 000 ⏠et 70 000 ⏠? Voici plusieurs simulations :
MĂȘme seulement 50 ⏠par mois peuvent vous permettre de crĂ©er un petit pactole de prĂšs de 24 000 ⏠qui pourrait grandement vous ĂȘtre utile quand votre enfant aura 18 ans.
100 ⏠par mois avec un rendement de 8 % par an (une moyenne plutĂŽt conservatrice pour un ETF S&P 500 ou mĂȘme MSCI World en regardant l'historique) vous permettront de crĂ©er un capital de 48 000 âŹ. Je parle en brut Ă©videmment (il faut soustraire 30 % d'impĂŽts sur les plus-values. Enfin, si ça ne bouge pas d'ici lĂ ).
Et comment investir alors ? Il existe pas mal de possibilitĂ©s, mais s'il vous plaĂźt, ne mettez pas tout sur un livret A ! Si vous avez 18 ans ou plus devant vous, vous pouvez vous permettre d'investir dans des actifs plus risquĂ©s, comme la bourse. Et plus vous vous approchez des 18 ans, plus vous pouvez commencer Ă sĂ©curiser une partie des investissements sur des actifs moins risquĂ©s ou sur un livret A. Ce serait bĂȘte que la veille des 18 ans de votre enfant, les marchĂ©s s'Ă©croulent de 30 %...
Donc, comment investir pour votre enfant ?
- La bonne vieille assurance vie. Des acteurs comme Yomoni, Nalo ou encore Goodvest permettent d'ouvrir des assurances vie pour vos enfants.
đĄ Bon Ă savoir : selon Nalo, en cas de dĂ©cĂšs (succession), des abattements spĂ©cifiques trĂšs Ă©levĂ©s rĂ©duisent ou annulent les droits de succession pour les bĂ©nĂ©ficiaires dĂ©signĂ©s (voir la section Succession).
- Le compte-titres, une astuce peu connue. Dans cette ancienne édition Snowball, Mathieu expliquait comment investir en bourse pour ses enfants via un compte-titres.
đĄ Bon Ă savoir : la donation permet Ă un enfant de recevoir dans un compte-titres Ă son nom des titres qui Ă©taient auparavant sur le compte-titres dâun de ses parents, et dont la valeur dâachat est celle au jour de la donation, et non Ă la date rĂ©elle dâachat. En gros, 0 impĂŽt Ă payer ni pour vous ni pour votre enfant.
Voilà , c'est tout pour moi aujourd'hui ! Si vous connaissez des parents ou futurs parents, n'hésitez pas à leur transférer ce mail. :)
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âïž
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Excellente soirée à toutes et à tous et à trÚs vite.
Yoann â€ïž