💸 L'art de claquer son argent

Hello Snowballers,

J'espère que vous allez bien et que les derniers préparatifs pour Noël se passent bien. Courage à celles et ceux qui n'ont pas encore trouvé les derniers cadeaux. 😅

Entre les cadeaux, l'achat d'une veste après presque 3 ans de réflexion et d'autres dépenses que je procrastinais, le mois de décembre a clairement été sous le signe des dépenses (comme beaucoup ici, je pense). Je me suis donc dit que rédiger une édition sur la manière de dépenser de l'argent et de ne pas économiser bêtement pourrait être un bon sujet.

Petit disclaimer : il ne s'agit pas de conseils ni de choses à appliquer bêtement, hein. Nous sommes toutes et tous différents. Utilisez ce contenu pour réfléchir et construire par-dessus.

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Franchement, je suis plutôt bon pour épargner et investir, mais pas au top pour dépenser. Je peux mettre 3 ans à m'acheter une veste par exemple ou réfléchir des mois pour me payer un service. C'est pas forcément un énorme défaut, mais je pourrais certainement m'améliorer, c'est certain.

Et c'est peut-être pas directement ma faute. En effet, on vous a répété toute votre vie qu'il fallait économiser. Mettre de côté. Éviter les dépenses inutiles. Et c'est vrai, en partie évidemment. Mais personne ne vous a vraiment appris comment dépenser votre argent.

Et je pense que cette compétence est peut-être encore plus importante, car c'est celle qui a un impact réel sur votre vie (et celle des autres).

Morgan Housel, l'auteur du bestseller The Psychology of Money et plus récemment de The Art of Spending Money, le résume parfaitement : "L'argent peut-il vous rendre plus heureux ? Oui. Mais il y a beaucoup d'astérisques à cette affirmation." Aujourd'hui, en cette période de Noël et de cadeaux, explorons ensemble ces petits astérisques, ces micro-nuances qui font toute la différence entre une vie boostée par l'argent et une vie appauvrie par une mauvaise relation avec celui-ci.

Il existe une équation simple que la plupart des gens ignorent et que je trouve trop bien. Morgan Housel la formule ainsi :

Imaginez la situation : d'un côté on a Larry Ellison, le co-fondateur d'Oracle qui pèse autour de 400 milliards de dollars, et qui se réveille chaque matin en pensant que ce n'est pas assez. À l'inverse, la grand-mère de Morgan Housel, objectivement pauvre par tous les standards matériels, ne voulait rien de plus que ce qu'elle avait. Elle trouvait son bonheur dans son jardin, ses amis, ses petits-enfants, comme il nous l'explique.

Qui est la personne la plus riche ? Vous avez 2 heures. Blague à part, la question mérite d'être posée. Parce que si l'équation du bonheur est vraie, alors la grand-mère était bien plus fortunée que le milliardaire. Elle avait atteint ce que peu de gens connaissent dans notre société de consommation : le contentement.

"Les personnes les plus heureuses que je connais ne sont pas les plus riches. Ce sont les plus satisfaites de ce qu'elles ont" nous dit Morgan Housel.

D'ailleurs, des études récentes confirment cette intuition. Une recherche publiée dans le Journal of Consumer Psychology révèle que si l'argent ne semble pas toujours apporter le bonheur, c'est probablement parce que les gens le dépensent mal. La professeure Elizabeth Dunn affirme que "la plupart des individus ne sont pas au fait des données scientifiques sur ce qui apporte et maintient le bonheur".

En gros, ça veut dire qu'on ne sait tout simplement pas comment utiliser notre argent pour être heureux.

Voici peut-être le secret le mieux gardé de la finance personnelle : chaque euro économisé n'est pas de l'argent "mis de côté" qui ne sert à rien (comme beaucoup le disent). C'est de l'indépendance que vous achetez. Morgan Housel l'exprime clairement : "Si j'économise 100 €, ce n'est pas épargner. Je viens d'acheter 100 € d'indépendance. J'ai acheté 100 € de mon futur que je contrôle désormais."

C'est marrant, car ça résonne clairement avec ce que je dis souvent : "Investir, c'est s'acheter du temps dans le futur et il n'y a rien de plus précieux que le temps."

Charlie Munger, le légendaire associé de Warren Buffett, disait la même chose : "Je n'avais aucun désir de devenir riche. Je voulais juste être indépendant." Bon, il a obtenu les deux haha.

Et le truc qui est très important à savoir, c'est qu'il existe autant de types d'indépendance financière qu'il existe de personnes. En effet, la notion d'indépendance financière n'est pas binaire. Elle existe sur un spectre. Pouvoir attendre le bon emploi plutôt que d'accepter le premier venu ? C'est un niveau d'indépendance. Pouvoir encaisser une panne de voiture sans stress financier ? Un autre niveau. Pouvoir vivre où vous le souhaitez plutôt que là où vous le devez ? Encore un autre. Bref, you get it.

Les chercheurs Leaf Van Boven de l'université du Colorado et Thomas Gilovich de Cornell ont mené 4 études sur plusieurs années. Leur conclusion est sans appel : les expériences de vie rendent plus heureux que les objets matériels (peu de surprise ici). En gros, mieux vaut se payer un spectacle, un voyage ou un bon restau qu'un nouveau téléphone ou une TV Oled 140 k 148 milliards de pixels.

Pourquoi ? Plusieurs raisons. D'abord, les expériences, donc ce qu'on vit, eh bien c'est ce qui forme notre identité. Elles deviennent des souvenirs que nous pouvons "enjoliver" avec le temps, alors que les objets se déprécient et perdent leur attrait (pas tous, hein).

Ensuite, les expériences sont difficilement comparables à celles des autres, contrairement aux possessions matérielles qui invitent à la comparaison perpétuelle (enfin… Insta rend la comparaison d'expériences problématique aussi…). Pour finir, le simple fait d'anticiper une expérience nous rend déjà heureux. Comme on le dit, c'est le chemin plus que la destination qui est important.

Morgan Housel raconte une anecdote assez intéressante (qui lui a souvent valu des disputes d'ailleurs, car il valorise plus le fait de passer du temps avec les personnes qu'il aime que de tester 1001 nouvelles choses) : en vacances à Maui avec sa famille, construisant des châteaux de sable avec ses enfants, il réalise que ce moment vaut 10 sur 10. Mais ensuite, il comprend que jouer aux LEGO dans son salon aurait valu 9 sur 10. "Ce que je voulais vraiment, ce n'était pas Maui. C'était du temps ininterrompu avec mes enfants. Et ça, je peux l'avoir gratuitement à la maison."

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Paradoxalement, certaines habitudes "économes" qu'on essaye souvent de vous vendre sur des comptes TikTok ou Insta vous coûtent plus qu'elles ne vous rapportent. Un article de Kiplinger identifie 7 pièges classiques, mais le principe s'étend bien au-delà.

Faire des kilomètres pour économiser quelques centimes. Conduire 10 km de plus pour une essence qui coûte 5 centimes de moins ? Faites le calcul. Si votre voiture consomme 7 litres aux 100 km et que le trajet supplémentaire vous coûte 0,7 litre d'essence, l'économie sur un plein de 50 litres (2,50 €) est complètement annulée. Sans compter votre temps (qui lui, a une valeur gigantesque) et l'usure du véhicule.

Acheter en gros… tout et n'importe quoi. Le prix unitaire est plus bas, certes. Mais si le produit périme avant que vous l'utilisiez, vous n'économisez rien. Vous gaspillez. Le café acheté en grande quantité devient amer après quelques mois. Les vitamines perdent leur efficacité. Même les produits non périssables posent question : avez-vous vraiment la place de stocker un an de papier toilette ?

Le DIY qui tourne mal. L'auteur de l'article Kiplinger confesse avoir voulu changer sa porte d'entrée lui-même pour économiser. Résultat : une journée entière de travail, l'achat d'outils qu'il ne possédait pas et une porte qui grince toujours. Un professionnel aurait fait le travail en 2 heures. Le temps a une valeur. Si vous n'êtes pas bricoleuse ou bricoleur, acceptez-le.

Les promotions qui vous font dépenser plus. "-20 % à partir de 40 € d'achat". Vous aviez besoin d'un article à 35 €. Vous finissez par en acheter pour 50 € "pour profiter de la réduction". Bilan : vous avez dépensé 40 € au lieu de 35 €. La promotion vous a coûté 5 €. Une bonne affaire n'en est une que si elle répond à un besoin réel qui existait avant de voir l'offre. Comme disait le papa d'une amie : "On n'achète pas un prix !". Il a 100 % raison.

Se priver d'un latte pour devenir riche. On voit souvent ça sur les réseaux sociaux. Si vous vous privez d'un latte à 8 € chaque jour qui vous fait extrêmement plaisir pour ensuite investir cet argent, eh bien sur de nombreuses années, cela peut se transformer en plusieurs dizaines de milliers d'euros si cet argent est investi. Oui, c'est vrai, mais est-ce vraiment nécessaire si ce latte vous rend vraiment heureuse ou heureux ? À méditer.

Se payer un t-shirt Shein plutôt qu'un article de qualité plus cher. Raisonner en coût d'utilisation plutôt qu'en coût d'achat. Se payer un t-shirt Shein à 5 € plutôt qu'un basique de qualité à 30 € semble être une bonne affaire. Mais raisonnez en coût d'utilisation plutôt qu'en coût d'achat. Le t-shirt Shein tiendra 10 lavages avant de se déformer (en plus de défoncer la planète) : 0,50 € par utilisation. Le t-shirt de qualité durera 100 lavages : 0,30 € par utilisation. Le "pas cher" vous a coûté 67 % plus cher. Ce calcul s'applique partout : un grille-pain à 15 € remplacé chaque année coûte plus qu'un modèle fiable à 60 € qui dure dix ans. Une peinture premier prix nécessite trois couches là où une bonne peinture n'en demande qu'une. Avant chaque achat, posez-vous la question : "combien ça va me coûter au total ?" plutôt que "combien ça coûte maintenant ?"

Voici une vérité que je trouve intéressante : aucune boisson ne sera jamais aussi bonne qu'un verre d'eau quand vous avez vraiment soif. Le meilleur repas de votre existence sera probablement de la nourriture simple quand vous êtes affamé. C'est le contraste qui crée le plaisir, pas l'objet lui-même.

Morgan Housel mentionne quelqu'un qu'il connaît qui a un chef privé. Des repas gastronomiques 3 fois par jour, depuis des années. Objectivement, c'est cool et enviable. Mais le plaisir de ces repas s'est érodé. Il n'y a plus de contraste. Plus d'anticipation. Plus de surprise.

La morale de l'histoire ? Une vie de plaisirs modestes ponctuée d'expériences exceptionnelles occasionnelles génère plus de bonheur qu'une vie de luxe permanent. Comme l'écrit Housel : "Quand vous vivez une vie simple et modeste, vos expériences occasionnelles avec les belles choses peuvent générer plus de joie que si vous les aviez tout le temps." C'est d'ailleurs ce qu'on peut observer chez certaines personnes qui chassent constamment de nouvelles expériences procurant une certaine forme d'adrénaline et/ou d'endorphine. Comme une drogue, plus on en consomme, plus on a besoin d'en consommer pour que cela fasse effet.

Le comédien Jimmy Carr résume un truc que je trouve intéressant : "À 20 ans, vous vous inquiétez de ce que les autres pensent de vous. À 30 ans, vous dites que vous vous en fichez. À 40 ans, vous réalisez enfin que personne n'a jamais pensé à vous."

Morgan Housel propose un exercice révélateur : "Si personne ne regardait, quel style de vie choisiriez-vous ?" Immédiatement, vous comprenez la différence entre utilité et statut. Sur une île déserte avec votre famille, vous ne voudriez pas d'une Lamborghini, mais d'un pick-up pratique. Pas de vêtements de marque, mais des vêtements confortables et durables.

Demandez-vous : qui essayez-vous d'impressionner ? Pour Morgan Housel, la réponse est simple : sa femme, ses deux enfants, ses parents, et peut-être deux amis. C'est tout. Et ces personnes-là ne se soucient pas de sa voiture ou de ses vêtements. Ils se soucient de savoir s'il est un bon mari, un bon père, un bon fils, un bon ami.

Une étude de Harvard a divisé des participants en deux groupes. L'un devait dépenser de l'argent pour lui-même, l'autre pour quelqu'un d'autre. Résultat : ceux qui avaient dépensé pour d'autres personnes se déclaraient significativement plus heureux. Ce résultat se vérifie dans toutes les cultures, tous les âges, toutes les tranches de revenus.

Le don répond à un besoin profond de sens et de connexion. Qu'il s'agisse d'un don à une asso, d'un cadeau sincère ou d'un repas partagé, nous renforçons notre sentiment de communauté et de bien-être grâce à ces derniers. Et ce qui est vraiment top dans cette histoire, c'est que le cercle est vertueux : les personnes les plus heureuses ont tendance à donner davantage, ce qui les rend encore plus heureuses et ainsi de suite.

Ramit Sethi, auteur de I Will Teach You to Be Rich, propose une approche intéressante liée à ce que je disais tout à l'heure sur les lattes : "Dépensez sans compter pour ce que vous aimez vraiment. Coupez impitoyablement dans ce qui vous indiffère."

Lui-même adore les vêtements de qualité. Il dépense des sommes considérables en costumes et chemises. En revanche, sa voiture ? Quelconque. Il s'en fiche complètement. Chacun doit identifier ses propres priorités. Pour certains, ce sera la nourriture. Pour d'autres, les voyages. Pour d'autres encore, leur logement.

L'erreur serait de tout rationaliser uniformément. Un budget parfaitement équilibré où chaque catégorie reçoit sa "juste part" ignore un truc fondamental : nous ne tirons pas le même plaisir de chaque euro dépensé. Un euro investi dans votre passion vaut 10 € dans ce que vous n'aimez pas.

Pour conclure, voici les 7 principes que Morgan Housel applique dans sa propre vie et que je trouve super pertinents :

1. Dépensez moins que ce que vous gagnez. La baaaaaaase.
2. Composez en silence. Pas besoin d'annoncer vos investissements au monde.
3. L'argent vous sert, pas l'inverse. Le jour où vous travaillez pour vos possessions, vous avez perdu. Exemple : vous achetez une voiture de luxe et pour l'entretenir, vous devez travailler plus. Y a un souci…
4. Personne ne pense à vous autant que vous le croyez. Libérez-vous du regard des autres.
5. L'indépendance est la vraie richesse. Plus que le montant sur votre compte.
6. Soyez un bon ancêtre. Pensez à ce que vous allez transmettre (cela peut être tangible ou intangible).
7. Aimez votre famille et prenez soin d'elle. Aucune somme d'argent ne remplace ça et ne culpabilisez pas si vous dépensez de l'argent pour ça.

Dépenser son argent est loin d'être une science exacte. C'est plus un art avec ses nuances et sa subjectivité. Il n'existe pas de formule universelle. Mais il existe des principes. Des études. Des expériences partagées. Et surtout, comme je le disais dans mon introduction, une invitation à réfléchir : qu'est-ce qui compte vraiment pour vous ? La réponse à cette question vaut plus que n'importe quel conseil financier.

Passez un joyeux Noël.

Yoann ❤️