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📰 Snow Report : Météo des marchés, analyse approfondie d’une action et décryptage de deux grosses actus économie et tendances.
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Je laisse le micro à Mathieu et tx pour la météo des marchés.
Yoann ❤️
C’est principalement la banque centrale américaine (la FED) qui a fait l'actualité cette semaine avec un discours qui a plutôt plu aux marchés. Le fait que Trump ait martelé qu’un accord de paix était proche en Ukraine et qu’il n’ait pas fait de nouvelles grandes annonces sur des tarifs douaniers a aussi participé à faire un peu baisser la nervosité.
En début de semaine, tous les regards étaient tournés vers la discussion qui a eu lieu mardi entre Trump et Poutine. Cette discussion a pour le moment accouché d’une souris, mais Trump a rappelé plusieurs fois par la suite qu’il restait confiant sur une fin rapide du conflit.
L’évènement de la semaine était cependant la réunion de la FED. En résumé, Jerome Powell a fait comprendre que le plan initial restait pour le moment d’actualité, à savoir une baisse des taux à mesure que l’inflation baisse, même si Trump pourrait amener à un peu moins de croissance et à une inflation qui baisse un peu moins rapidement. C’est ce qui a plu aux marchés.
La FED a cependant bien fait passer le message qu’elle restait attentive à ce qu’allait engendrer la politique de Trump. La réalisation du plan va dépendre grandement des statistiques économiques qui vont sortir sur les prochains mois.
En Europe, le grand plan de relance allemand infrastructures/défense a été voté par le Bundestag, il ne reste donc plus qu'à lever la limitation de l'endettement.
En Chine, les dernières statistiques économiques publiées sont globalement solides sur la production industrielle et l'investissement, et en ligne avec les attentes pour les ventes de détail. Le marché a relégué au second plan des chiffres encore médiocres sur l’emploi, peut-être aussi grâce à Baidu (le Google chinois) qui a publié deux nouveaux langages d’IA très performants.
Pour finir, en parlant de technologie, Nvidia a fait un grand show cette semaine. Son PDG ne voit pas le marché faiblir, c’est tout le contraire, avec des besoins en calcul 100 fois plus importants sur les prochaines années. J’ai aussi noté l’annonce d’un plan de 500 milliards de dollars pour produire aux États-Unis ses propres puces. Reflétant les inquiétudes du marché à propos de la rentabilité de tous ces investissements dans l’IA, ces annonces n’ont pas servi de catalyseurs aux marchés américains pour exploser.
Mathieu
Du côté du marché crypto, cette semaine a été marquée par un léger rebond avec le bitcoin qui s’établit autour des 84 500 $. Même chose pour l’ether et solana qui ont respectivement grimpé de 6,5 % et 4 % ces sept derniers jours.
La dominance de bitcoin, qui mesure la capitalisation de bitcoin par rapport au marché crypto dans son ensemble, est en légère baisse cette semaine à 61,3 %. Ces sommets avaient été atteints pour la dernière fois en mars 2021. Après cela, la dominance de bitcoin avait largement chuté, laissant la place aux altcoins. S’il est possible que ce scénario se reproduise, pour l’instant nous n’y sommes pas du tout et les altcoins peinent à simplement suivre la performance de bitcoin.
Pendant ce temps, on assiste à une sorte de remise à zéro du sentiment des investisseurs. La peur de ces dernières semaines a laissé place à une forme de désintérêt et d’indifférence. Ce sont les ingrédients idéaux pour que le prochain mouvement de marché surprenne les investisseurs. Sa direction sera probablement un moment majeur pour établir si la tendance haussière continue ou s’il s’agit effectivement d’un début de marché baissier.
Du côté des actus, voici ce qu’il ne fallait pas manquer cette semaine :
- Tether a été le septième plus gros acheteur de bons du Trésor américain en 2024 avec 33,1 milliards de dollars. C’est moins que le Royaume-Uni, mais plus que le Canada ! Cela montre l’ampleur monstrueuse du business autour de l’USDT.
- La SEC, le gendarme financier américain, va abandonner son appel contre Ripple (XRP). Encore une fois, il s’agissait d’une affaire où la SEC suspectait l’émission illégale d’un titre financier.
- Deux ETF Solana Futures ont été approuvés par la SEC cette semaine. À la différence des ETF spot, ceux-ci ne sont pas nécessairement garantis par de véritables SOL, comme c’est le cas pour les ETF BTC et ETH lancés en 2024. Plusieurs demandes d’ETF SOL spot sont en cours d’étude par la SEC. Bloomberg estime qu’il y a 75 % de chances qu’ils soient approuvés cette année.
- Coinbase annonce le lancement des verified pools, des pools de liquidité basées sur Uniswap v4, accessibles uniquement via un KYC (vérification d’identité). Le but est de fournir une infrastructure qui respecte les réglementations tout en profitant de la transparence de la blockchain. C’est un pas en avant pour la régulation, mais un pas en arrière pour l’accès libre à la blockchain.
- MegaETH dévoile son testnet public, que l’on peut essayer dès aujourd’hui. Leur promesse est de créer la première expérience blockchain « temps réel » avec un débit maximal de 20 000 transactions par seconde. Le lancement de MegaETH en mainnet devrait avoir lieu dans les prochains mois.
tx
⏱ Temps de lecture : 5 minutes.
👩🏫 Ce que vous allez apprendre : la fintech suédoise Klarna, spécialiste du Buy Now, Pay Later, s'apprête à entrer en bourse dans l'une des plus grandes IPO du secteur depuis Robinhood. Comment cette entreprise qui compte 93 millions de consommateurs actifs a-t-elle réussi à redevenir "rentable" après des années de pertes ? Quels sont ses atouts (licence bancaire, partenariat avec Walmart, utilisation de l'IA) et ses faiblesses face aux défis réglementaires et à une rentabilité encore fragile ?
Petit disclaimer avant de commencer : d'un point de vue éthique, je ne suis pas un grand fan de Klarna. Je trouve que le modèle de paiements fractionnés est un excellent modèle pour les gens qui sont très disciplinés, mais pour beaucoup de consommateurs, cela peut vite devenir un outil qui pousse à la surconsommation et parfois à une forme de surendettement cachée. D'ailleurs, Klarna et DoorDash (équivalent d'Uber Eats) aux États-Unis viennent d'annoncer un partenariat et je trouve ça un peu déprimant… Ce mème résume bien la situation. 😅
Ceci étant dit, Klarna fait maintenant beaucoup plus que du paiement fractionné.
Bref, vous n'avez certainement pas raté l'info : la compagnie suédoise de Buy Now, Pay Later (BNPL) Klarna va bientôt entrer en bourse. Il s'agit d'une des plus grosses entrées en bourse depuis Robinhood dans le secteur des fintechs. Je voulais donc décortiquer aujourd'hui son S-1 (le document obligatoire fourni avant une entrée en bourse pour présenter le business aux investisseurs).
Petite présentation de Klarna

Klarna veut devenir une sorte de Google du shopping. Actuellement, le réseau Klarna compte 93 millions de consommateurs actifs et plus de 675 000 marchands dans 26 pays. L'app Klarna compte 32 millions d'utilisateurs actifs par mois.
Klarna propose donc plusieurs produits centrés autour de l’e-commerce et plus particulièrement des paiements en ligne :
- Une solution de paiement en totalité ;
- Une solution de paiements fractionnés sans intérêt (en quatre fois, par exemple) ;
- Une solution de financement sur des périodes plus longues avec des intérêts ;
- Un assistant IA pour vous aider dans votre shopping ;
- Des fonctionnalités pour vous faire économiser de l'argent ;
- De la pub pour ses marchands via des placements préférentiels sur son app.
Le modèle économique
Actuellement, Klarna génère des revenus essentiellement grâce aux marchands, mais voici le détail :
- Commissions des marchands (57 % du revenu) : c'est le gros morceau ! Chaque fois que vous utilisez les options de paiement Klarna, c'est le marchand qui paie la note ;
- Frais consommateurs (12 % du revenu) : Klarna évite généralement de vous facturer pour ses services courants, mais se rattrape avec quelques frais de retard ou fonctionnalités premium ;
- Intérêts (24 % du revenu) : sur son produit Fair Financing, Klarna touche des intérêts sur les prêts à plus long terme (mais ça représente seulement 5 % de leur volume d'affaires) ;
- Revenus publicitaires (6 % du revenu) : le petit nouveau qui monte. Klarna utilise vos données d'achat pour proposer de la publicité ciblée aux marchands. Un business qui a explosé de 13 millions de dollars en 2020 à 180 millions de dollars en 2024.
Environ deux tiers des revenus de Klarna viennent donc des marchands, et un tiers des consommateurs.
Les performances financières de l'entreprise

En 2024, 105 milliards de dollars de produits ont été achetés sur Klarna, soit 14 % de plus qu'en 2023 et les revenus ont atteint 2,81 milliards de dollars contre 2,276 milliards en 2023 (croissance de 24 %).

Le point positif des derniers mois, c'est que Klarna a retrouvé sa rentabilité sur une base de revenu net, et frôle le positif sur le plan opérationnel. Petit rappel historique : la fintech était rentable pendant ses 14 premières années jusqu'en 2019, avant d'investir massivement pour accélérer sa croissance.
Son gros point fort ? Sa marge transactionnelle (revenus - coûts de traitement, service, pertes de crédit et financement) qui s'est hissée jusqu'au milieu des 40 %.
Son arme secrète : la licence bancaire européenne. Grâce à elle, la fintech peut utiliser les dépôts de ses clients (9,5 milliards de dollars en décembre 2024) pour financer ses "prêts".
Résultat ? Un coût de financement beaucoup plus bas que la concurrence, avec 94 % de ses produits financés par ces dépôts en 2024.
Les chiffres à retenir :
- GMV (gross merchandise value, donc la valeur totale de tous les produits vendus via des paiements Klarna) : 105 milliards de dollars en 2024 (+14 % sur un an) ;
- Marge transactionnelle : 1,22 milliard de dollars (+12 %), mais baisse de 48 % à 43 % sur une année (aïe !) ;
- Base de consommateurs actifs : 93 millions (+11 %) ;
- Revenu moyen par client : 30 $ (+11 %) ;
- Bénéfice d'exploitation ajusté : 181 millions de dollars (une amélioration phénoménale de 466 % vs pertes de 49 millions de dollars l'année précédente).
Attention toutefois : ce bénéfice "ajusté" exclut des coûts comme la rémunération en actions, les restructurations et frais d'entrée en bourse…
Les pertes de crédit représentent seulement 0,47 % de la GMV en 2024, bien en dessous des moyennes du secteur. Mais attention : ces pertes ont tout de même grimpé de 353 millions de dollars à 495 millions de dollars (17,6 % des revenus).
Bulls vs bears
Mais alors, faut-il investir dans Klarna quand elle sera cotée en bourse ?
🟢 "Tous les voyants sont au vert" disent les optimistes, et voici pourquoi :
- Croissance + rentabilité = combo gagnant : Klarna a traversé la tempête 2022-2023 et en ressort plus fort en 2024 ;
- Le jackpot Walmart : ce partenariat fraîchement signé est une mine d'or potentielle. Imaginez avoir un accès privilégié aux millions de clients du plus gros acteur de la grande distribution au monde (442 milliards de dollars de revenus rien qu'aux États-Unis) ;
- L'atout IA : 96 % des employés utilisent l'IA au quotidien. Résultat ? Le service client automatisé gère 62 % des demandes et fait économiser 39 millions de dollars par an. Avec un revenu annuel par employé passé de 344 000 $ en 2022 à 821 000 $ en 2024 grâce en partie à l'IA, Klarna montre qu'il sait transformer l'IA en profits (mais beaucoup sont sceptiques par rapport à ces chiffres) ;
- La licence bancaire = super pouvoir : avec 9,5 milliards de dollars de dépôts clients, Klarna finance ses prêts à bas coût. C'est comme emprunter à taux zéro pendant que vos concurrents paient des intérêts ;
- L'effet réseau : plus de clients attirent plus de commerçants qui attirent plus de clients… La présence dans 26 pays ne fait qu'amplifier cet effet boule de neige.
🔴 Mais "attention, danger !" préviennent les sceptiques :
- Rentabilité encore fragile : malgré les progrès, Klarna affiche toujours une perte opérationnelle de 121 millions de dollars en 2024. La marge transactionnelle a même chuté de 48 % à 43 % ;
- Comptabilité créative : Klarna utilise beaucoup de métriques non consensuelles qui excluent des coûts importants ;
- Risques réglementaires : les régulateurs financiers surveillent de près le secteur BNPL. Une nouvelle réglementation pourrait faire l'effet d'une douche froide s'il est considéré comme un crédit classique.
Mon point de vue : Klarna est une superbe entreprise avec un très beau produit. Sa stratégie semble solide et son exécution aussi. Je suis moins fan du modèle BNPL comme évoqué au début, mais si c'est bien fait en gardant bien en tête l'intérêt des consommateurs, pourquoi pas. Dans tous les cas, si Klarna vous intéresse, mieux vaut ne pas investir directement lors de l'IPO (entrée en bourse). Attendez un peu (deux ou trois trimestres, voire plus) pour s'assurer que le business va dans la bonne direction. Et en plus de cela, le prix d'une action lors d'une IPO a tendance soit à augmenter rapidement avant de chuter, soit à chuter directement. Sauf si vous pouvez acheter au prix de l'IPO (très difficile si vous n'êtes pas un gros investisseur), mieux vaut donc patienter quelques mois.
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👩🏫 Ce que vous allez apprendre : l'Europe augmente ses dépenses militaires face aux tensions géopolitiques, ce qui pourrait paradoxalement stimuler la productivité et la croissance économique du continent. Comment ce réarmement pourrait-il transformer l'économie européenne ? Quelles opportunités d'investissement émergent dans ce contexte, entre les entreprises de défense comme Thales et Rheinmetall, et les technologies à double usage ? Focus sur les défis à surmonter et les leçons historiques des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Vous n'avez pas raté l'info, l'Europe souhaite se réarmer suite à "l'abandon" partiel des États-Unis.
Face à ces tensions géopolitiques croissantes, l'Europe s'engage dans une augmentation sans précédent de ses dépenses militaires (en tout cas, c'est ce que les politiques nous disent actuellement).
Cette volonté pourrait-elle, paradoxalement, stimuler la productivité et la croissance économique du continent ? Une analyse approfondie suggère que cette dynamique, bien que née de préoccupations sécuritaires, pourrait transformer l'économie européenne "pour le meilleur".
Commençons par l'effet catalyseur des dépenses militaires.
L'histoire nous enseigne que les périodes d'urgence militaire peuvent accélérer l'innovation et la productivité. Comme le souligne Ethan Ilzetzki, économiste à la London School of Economics, dans son étude "Guns and Growth", les États-Unis ont connu ce phénomène pendant la Seconde Guerre mondiale.
Est-ce que vous savez combien d'avions produisaient les États-Unis en 1937 ? 3100.
Et en 1944, le pays a atteint un pic de 96 000 avions produits, forçant le tissu industriel (grosses et petites entreprises) à innover rapidement face à une demande sans précédent et surtout des énormes contraintes de ressources.
Et ce processus "d'apprentissage par nécessité" pourrait justement se reproduire en Europe. Selon Ilzetzki, "une augmentation transitoire des dépenses militaires de 1 % du PIB pourrait accroître la productivité à long terme d'un quart de pour cent." Cette hypothèse repose sur deux mécanismes : d'un côté, la recherche militaire génère des innovations aux applications civiles ; de l'autre, l'intensification de la production de défense entraîne un "apprentissage par la pratique" qui améliore les méthodes de production dans l'ensemble de l'économie.
Mais pour que ces bénéfices se matérialisent, l'Europe doit surmonter plusieurs obstacles. Le premier défi est son énorme dépendance aux importations : actuellement, environ 80 % du matériel militaire européen provient de l'extérieur de l'Union européenne, principalement des États-Unis (wow !). La récente hausse des actions des entreprises de défense européennes (évoquée par Mathieu ici dans Snowball Bourse d'ailleurs) suggère que les marchés anticipent une relocalisation de ces achats, bien que ce process puisse prendre du temps (et il ne faut pas toujours croire les marchés et les politiques).
Ilzetzki identifie d'autres impératifs pour maximiser les retombées économiques :
- Élargir les marchés publics aux petites entreprises. En effet, suite à l'annonce du fonds de 450 millions d'euros avec Bpifrance pour financer des PME dans le secteur de l'armement, le gouvernement français semble vouloir aller dans cette direction. Par ici pour en savoir plus ;
- Adopter une stratégie de double sourcing adaptée au contexte européen, en s'approvisionnant auprès d'au moins deux pays membres ;
- Reconsidérer les restrictions allemandes sur la participation universitaire à la recherche militaire.
Mais comme toujours en économie, il faut prendre en compte le coût d'opportunité. Effectivement, l'arbitrage entre dépenses militaires et d'autres priorités reste une question importante. Certains défenseurs du climat craignent que la montée en puissance militaire ne se fasse au détriment des investissements dans les énergies propres, par exemple. Des recherches suggèrent également que l'effort de guerre américain pendant la Seconde Guerre mondiale a finalement nui à la productivité du pays, car il a détourné des ressources qui auraient pu être consacrées aux infrastructures civiles.
Mais good news, l'UE semble consciente de ces enjeux : un livre blanc de 2024 souligne l'importance de la R&D à double usage, militaire et civil pour maximiser les retombées positives tout en répondant aux impératifs de sécurité.
Mais alors, quel impact pour votre portefeuille ? La nouvelle dynamique de défense européenne pourrait ouvrir plusieurs opportunités d'investissement, même si le secteur de la défense en direct est peut-être une mode passagère, comme l'indique Mathieu ici. Mais ça se discute tout de même je pense. Quelques pistes : 👉 Entreprises de défense européennes : les acteurs comme Thales, Rheinmetall, Leonardo ou Saab devraient bénéficier directement de l'augmentation des budgets militaires. La volonté de relocaliser les achats renforce leur position à long terme. Mais attention, ces entreprises pourraient avoir du mal à faire face à la demande et donc perdre des contrats au profit d'acteurs non européens (Saab a chuté en bourse pour cette raison, d'ailleurs). Autre point d'attention, ces actions ont déjà atteint des niveaux très élevés. 👉 Chaînes d'approvisionnement : les fournisseurs spécialisés dans les composants critiques pour l'industrie de défense pourraient connaître une demande accrue (il y en aura certainement beaucoup dans le fonds de la BPI évoqué plus haut). 👉 Technologies à double usage : les entreprises qui développent des technologies applicables tant au secteur militaire que civil (cybersécurité, intelligence artificielle, matériaux avancés) sont également des opportunités et qui sont moins risquées que la défense, car moins "de niche". Mais PRUDENCE : les cycles d'approvisionnement militaire sont longs, et la traduction des intentions politiques en contrats concrets peut prendre du temps et souvent ne jamais arriver. Et à plus long terme, si les effets d'entraînement sur la productivité se matérialisent comme le suggère Ilzetzki, c'est l'ensemble des marchés européens qui pourrait en bénéficier, donc avoir de l'ETF STOXX Europe 600 pourrait être intéressant.
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👩🏫 Ce que vous allez apprendre : Perplexity AI, fondée par un ancien stagiaire de Google, pourrait devenir le concurrent qui bouleversera le marché de la recherche sur Internet comme l'iPhone l'a fait avec BlackBerry. Valorisée à 18 milliards de dollars, cette startup propose un moteur de recherche alimenté par l'IA qui répond directement aux questions avec des sources citées. Quelles sont ses stratégies pour concurrencer Google ? Une fusion avec TikTok pourrait-elle changer la donne ? Découvrez comment cette jeune entreprise pourrait transformer notre façon de rechercher des informations en ligne.
Récemment, Antoine, un membre de la communauté Snowball nous a partagé ces infos sur notre Discord (par ici pour vous inscrire d'ailleurs) :

Ou encore :
En effet, Google est aujourd'hui encore largement le leader de son secteur. C'est limpide. Mais suite au message d'Antoine, j'ai partagé ce graphique que je trouve fascinant :
L'iPhone est sorti en 2007, et pendant que ce dernier faisait son petit bout de chemin pour complètement bouleverser le marché des smartphones, les ventes de BlackBerry ont rapidement augmenté pour atteindre un pic en 2011. La suite, vous la connaissez. L'iPhone (et les copycats qui ont suivi) a complètement détruit BlackBerry.
Est-ce que nous ne serions pas dans une situation similaire aujourd'hui ? Une technologie capable de bouleverser le marché de la recherche sur Internet fait son apparition, mais l'acteur historique leader du marché continue de croître rapidement avant de chuter violemment ? Est-ce que l'Apple de Google ne serait pas Perplexity ? Bloomberg a récemment interviewé Aravind Srinivas, PDG et co-fondateur de Perplexity et j'avais envie de creuser un peu tout ça.
Qui aurait cru qu'un ancien stagiaire de Google déclarerait un jour la guerre à son ancien employeur ? C'est pourtant ce qui se passe avec Aravind Srinivas, ex-stagiaire chez DeepMind (le labo IA de Google) co-fondateur et PDG de Perplexity AI, une sorte de Google alimenté à l'IA qui pourrait faire trembler le moteur de recherche le plus utilisé au monde. Quelques chiffres sur Perplexity qui donnent le tournis :
- Fondée en 2022 (oui, c'est tout récent !) ;
- Levée de fonds : plus de 900 millions de dollars ;
- Valorisation (en discussion) : 18 milliards de dollars.
Qu'est-ce qui rend Perplexity différent de Google ?
Imaginez un moteur de recherche qui, au lieu de vous renvoyer une liste de liens, répond directement à vos questions avec des informations en temps réel ET des citations pour justifier ses réponses.
Mais Perplexity veut aller plus loin…
Le coup de poker : fusionner avec TikTok.
Ce move pourrait faire réellement transpirer Google : Perplexity a fait une offre pour fusionner avec TikTok US avant la date limite du 5 avril. Mais pourquoi ? Search, search, search…
- En effet, la barre de recherche TikTok représente déjà 30 % du trafic de recherche Google ;
- TikTok est particulièrement puissant sur mobile (d'où viennent 60-70 % des revenus publicitaires de Google) ;
- Une fusion donnerait instantanément à Perplexity une visibilité massive.
L'autre stratégie : l'offensive entreprise.
Perplexity cible les entreprises avec :
- Un outil permettant de rechercher dans les fichiers d'entreprise ;
- Des fonctionnalités pour consulter les cours des actions et les données financières (une sorte de Bloomberg Terminal moins puissant pour l'instant, mais beaucoup mieux foutu) ;
- Un partenariat avec SoftBank pour commercialiser leurs produits auprès d'entreprises.
Pourquoi cette stratégie ? Microsoft et d'autres entreprises ont commencé à bloquer Perplexity au bureau. Et comme le dit Srinivas : "Quand vous êtes petit, vous voulez que les requêtes proviennent des personnes au revenu par habitant le plus élevé."
L'avenir selon Perplexity ?
Srinivas imagine un monde où Perplexity deviendrait le hub central d'outils IA sophistiqués et bon marché qui peuvent :
- Faire vos achats à votre place ;
- Réserver vos hôtels ;
- Fournir des données précieuses ;
- Agir comme un "assistant personnel" pour tous les utilisateurs.
Des agents IA, quoi.
Ce qui fait la différence selon eux ? Des sources citées (contrairement à la plupart des outils IA, mais ça change rapidement), un processus de réflexion transparent où l'IA "pense à voix haute" (pareil, les autres se mettent à niveau), des prix plus abordables grâce à l'open source, la promesse d'une présentation optimale de l'information, "pas juste un mur de texte."
Mon point de vue : Google a-t-il du souci à se faire ? Faut-il arrêter d'investir dans Alphabet ? Peut-être pas là maintenant, mais Perplexity représente une approche radicalement différente de la recherche d'information, soutenue par des investissements massifs et une ambition débordante. Si l'offre TikTok aboutit (ce qui reste un ÉNORME "si"), cela pourrait réellement changer la donne. Sinon, nous assistons tout de même à l'émergence d'un concurrent sérieux dans un domaine où Google règne en maître depuis plus de deux décennies. Selon moi, l'émergence de Perplexity pourrait avoir l'effet contraire sur Google : pousser l'entreprise à innover encore plus rapidement et à arrêter de trop se reposer sur ses lauriers. D'ailleurs, on peut voir que l'intégration de l'IA dans le moteur de recherche de Google a boosté son utilisation. Si on reprend l'exemple du secteur des smartphones, si Perplexity est Apple, peut-être que Google ne sera pas BlackBerry, mais plutôt un Samsung : une entreprise qui saura intégrer les nouvelles technologies et garder une longueur d'avance sur le mass market. Perplexity sera peut-être leader sur un autre segment plus high-level comme les tech-savvy, les geeks, les professionnels du web, etc. Alphabet reste toujours selon moi une entreprise incroyable qui continue d'innover rapidement. Pas de raison de s'inquiéter pour l'instant.
C'est tout pour aujourd'hui, si vous avez des questions ou des remarques, n'hésitez pas à répondre à ce mail.
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Passez une excellente soirée ou un bon début de semaine.
Yoann ❤️