Tous les dimanches
🎬 Investir dans le réalisateur de "Sin City"
Analyse de Dave, la néobanque des Américains en situation précaire
👩🏫
Ce que vous allez apprendre dans cet article
📰 Report : Météo des marchés, analyse approfondie d’une action et décryptage de deux grosses actus économie et tendances.
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⏱️ Temps de lecture : 21 minutes
Hey Snowballers,
J'espère que vous passez une excellente fin de semaine.
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Je laisse le micro à Mathieu et tx pour la météo des marchés. Mais avant, petit rappel sur le podcast. D'ailleurs, j'ai amélioré quelques petites choses au niveau de la qualité audio, cela devrait être mieux qu'avant.
🎙️ Petit rappel : le Daily Snow est maintenant disponible en podcast pour vos actus business, finance et tech en 5 minutes chaque matin. Et c’est gratuit. Abonnez-vous sur Spotify ici et sur Apple Podcast là.
🌤️ Météo des marchés, calendrier des éditions des 7 prochains jours et le récap’ de la semaine
Cette semaine en bourse par Mathieu
Wall Street semble donc avoir quelques doutes… sur Trump. Même s’il y avait un a priori positif, c’est bien la multitude d’annonces tous azimuts sur les droits de douane, les baisses des dépenses et la géopolitique qui perturbent les investisseurs.
Cette semaine, c’était la mise en place effective des barrières douanières à l’encontre du Canada, du Mexique et de la Chine qui a inquiété. Dans la foulée, Trump a accordé quelques exemptions sur certains produits, mais la toile de fond est que le couperet est proche si les choses ne bougent pas. Pour le Mexique, on sait que Trump aimerait voir les grands constructeurs auto rapatrier une partie de leur production aux États-Unis. Pour le Canada, on ne sait pas bien ce que Trump aimerait obtenir même s’il parle d’un meilleur contrôle à la frontière. Pour la Chine, les raisons sont multiples, mais l’annonce d’Apple sur le fait de rapatrier une partie de la production aux États-Unis est sans doute le genre d’annonce que Trump veut obtenir.
Jerome Powell a déclaré cette fin de semaine que la Fed ne se précipitait pas pour baisser ses taux d'intérêt et a dit attendre d'observer plus clairement les conséquences sur l'économie des États-Unis des politiques mises en œuvre par Trump.
Par contraste, l'Europe était plutôt dans le vert, du fait, pour le moment, d’absence de sanctions américaines à son encontre, des espoirs de paix en Ukraine, mais surtout grâce aux annonces de grand plan de relance dans la défense au niveau européen, et d’un plan de relance très important en Allemagne dans la défense et les infrastructures. Déjà que se profilait une baisse des taux en Europe, Donald Trump a enclenché un déblocage du budget des États européens pour la défense, ce qui va participer à la relance de l’économie.
En France, pas de miracle. S&P, la société de notation financière, a passé de "stable" à "négative" la perspective de la note crédit de la France, compte tenu du risque de dégradation des finances publiques. La France conserve une notation élevée (AA-), mais la frénésie de dépenses à venir, l’important déficit actuel, et l’absence de baisse des dépenses assombrissent le tableau.
Pour finir, en Chine les nouvelles étaient assez bonnes. Nous avons eu les deux indices manufacturiers qui montraient une légère accélération de l'activité industrielle dans le pays. Mais nous avons surtout un congrès du Parti qui a annoncé des objectifs de croissance qui ont rassuré, d’autant que les dirigeants chinois vont mettre en place des mesures de soutien pour contrer l’impact des barrières douanières américaines.
Pour être complet, le pétrole était sous pression cette semaine après l'annonce de l'OPEP+ d'accroître sa production en avril… Une annonce qui a surpris le marché alors que les conditions ne semblaient pas réunies.
Mathieu
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Cette semaine dans l’univers des cryptos, par tx
Du côté du marché crypto, c’est une nouvelle semaine de baisse. La capitalisation totale des cryptos a perdu 11,6 % sur les sept derniers jours, ce qui efface quasi entièrement le rattrapage de fin de semaine dernière. BTC (bitcoin) s’établit autour des 84 000 $, ETH (ether) à 2100 $ et SOL (solana) à 134 $.
Pendant ce temps, les ETF connaissent un léger rebond dans le nombre de BTC et d’ETH qui y sont déposés. Jusqu’à récemment, les ETF ont connu de légères corrections, mais la tendance globale était haussière. Il sera important d’observer si la hausse du nombre de BTC et d’ETH dans les ETF continue ou non. Si ce n’est pas le cas, il s’agira d’un signe plutôt inquiétant pour les prochains mois, car il signifiera que les acteurs institutionnels se retirent du marché crypto.
Cette semaine a eu lieu le premier White House Crypto Summit, qui a réuni l’équipe crypto de Trump ainsi qu’une trentaine de fondateurs d’entreprises crypto américaines. Trump y a renouvelé son intention de créer une réserve stratégique de BTC, d’assouplir la régulation pour les entreprises crypto et de renforcer la dominance du dollar grâce aux stablecoins.
Pour finir, le sentiment des investisseurs s’est un peu amélioré, mais il reste assez pessimiste. On se trouve dans une situation paradoxale où les actualités autour de la régulation aux États-Unis sont de plus en plus positives, mais où le marché baisse obstinément. L’explication qui semble la plus probable est que les attentes du marché ont été trop importantes. Les choses avancent assez vite depuis que Trump est en place, mais pas aussi vite que le marché l’aurait souhaité. Ainsi, même si ces nouvelles sont positives, il est possible que leur impact sur le prix des cryptos ne se réalise qu’à plus long terme.
Du côté des actus, voici ce qu’il ne fallait pas manquer :
- Trump signe un ordre exécutif pour établir une réserve stratégique de BTC pour les États-Unis. Celle-ci sera constituée d’environ 200 000 BTC saisis par la justice américaine. Le secrétaire du Trésor pourra proposer des stratégies pour acquérir plus de BTC, à condition qu’elles ne créent pas un surcoût pour les contribuables américains. Cet ordre exécutif établit aussi la création d’un stock de cryptos autres que BTC, mais qui lui, sera constitué uniquement d’actifs saisis lors d’affaires criminelles.
- Coinbase pourrait lancer prochainement une version tokenisée de son action. Cela permettrait d’y investir directement sur la blockchain avec les mêmes droits que n’importe quel autre actionnaire. Ce serait probablement soumis à des vérifications d’identité, mais ça resterait une innovation majeure pour la finance traditionnelle.
- Après plus de trois ans de procédure, la SEC (le gendarme financier américain), vient de clôturer son enquête sur Yuga Labs (NFT CryptoPunks et Bored Ape). Elle était suspectée d’avoir émis illégalement des titres financiers.
- Le protocole Aave vient de recevoir une proposition majeure. Celle-ci comprend plusieurs mesures dont la distribution d’une partie des revenus du protocole et le rachat de tokens AAVE pour ceux qui le stakent. Cette proposition doit encore être votée par la DAO. Cela n’a pas empêché le cours du token AAVE de gagner 20 % en quelques heures.
tx
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📆 Les éditions de la semaine passée
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- [La bonne paye] Moins d’indemnités, moins de primes, moins d’augmentations ? Ce que change la LFSS 2025.
- [Toujours pas en France] 4 idées d'entreprises à répliquer.
- [Bourse] ETF ESG et armement, une opportunité manquée ?
- [Grand cru] Château La Mission Haut-Brion, Cru Classé de Graves.
- [Learn] Investir tout d'un coup ou étaler ?
- [Igloo] Est-ce que la loi de finances 2025 a sonné la mort du LMNP ?
📰 Les meilleures actus de la semaine tirées du Daily Snow
- 🙎♀️🙎♂️ L'égalité des genres ? Pas avant cinq générations à ce rythme. Selon le Global Gender Gap Index, le fossé entre les genres n'est comblé qu'à 68,6 % en 2024 (vs 68,5 % en 2023). L'Islande reste championne depuis quinze ans, tandis que la France se classe 22e position, en progression par rapport à 2023 (40e), mais en recul par rapport à 2022 (15e).
- 💰 Safe Superintelligence, la startup IA fondée par l'ancien chercheur et cofondateur d'OpenAI Ilya Sutskever, est désormais valorisée à 20 milliards de dollars, une des plus grosses valorisations du secteur. 2 milliards de dollars seront injectés. Aucun produit ne sera lancé avant d'atteindre la superintelligence, ce qui pourrait prendre plusieurs années. Le niveau de confidentialité est extrême : les candidats doivent laisser leurs téléphones dans une cage de Faraday avant d'entrer dans les bureaux.
- 🤑 Les dividendes des grandes entreprises mondiales ont atteint un sommet historique de 1747 milliards de dollars en 2024. Ce record est porté par le secteur bancaire et les premiers versements de plusieurs géants de la tech. Les entreprises françaises ont été particulièrement généreuses, distribuant 68,8 milliards de dollars à leurs investisseurs, ce qui en fait les premières contributrices à l'échelle européenne.
- 🍦 La plus grande chaîne alimentaire du monde n'est ni McDonald's ni Starbucks, mais Mixue Ice Cream & Tea avec 45 000 points de vente, principalement en Chine et en Australie. L'entreprise a levé 444 millions de dollars lors de son introduction en bourse et a vu ses actions bondir de plus de 40 % à Hong Kong. Son secret ? Des glaces et des boissons sucrées à seulement 83 centimes, une formule idéale pour une Chine en ralentissement économique.
- 🚗 Tesla aurait demandé fin 2024 un permis de transport en Californie, suggérant le lancement imminent d'un service de VTC. Cette démarche confirme les ambitions d'Elon Musk dans la mobilité partagée, un projet évoqué depuis des années, mais jamais concrétisé.
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Cette semaine en finance
[NEOBANK] Dave, la néobanque américaine rentable.
⏱ Temps de lecture : 5 minutes.
👩🏫 Ce que vous allez apprendre : Dave, une néobanque américaine qui aide les personnes précaires avec des avances de salaire, a vu son action chuter de 73 % depuis son entrée en bourse en 2022, mais elle est en hausse de 150 % depuis un an. Comment cette fintech combine-t-elle technologie et inclusion financière pour servir les 180 millions d'Américains qui galèrent en fin de mois ? Focus sur des résultats financiers impressionnants qui pourraient en faire une opportunité d'investissement intéressante, malgré les risques.
Si vous me suivez depuis un moment, vous savez certainement que je suis un grand fan des entreprises qui arrivent à combiner le secteur de la finance et des nouvelles technologies, car elles ont le pouvoir de : créer de nouvelles expériences, de démocratiser certaines classes d'actifs ou encore de faire drastiquement chuter les coûts.
Aujourd'hui, je voulais donc vous parler d'une entreprise que je suis depuis plusieurs années et que j'adore tant d'un point de vue tech que d'un point de vue offre et branding : Dave, une néobanque qui se focalise sur les avances de salaire et sur l'aide aux personnes les plus précaires. Depuis son entrée en bourse en 2022, l'action a chuté de plus de 73 % :
Mais depuis un an, cette dernière est en hausse de près de 150 % :
Décryptons un peu le business de cette entreprise, son histoire et ses offres pour savoir s'il peut s'agir d'une opportunité.
Petite histoire de Dave
Dave est donc une néobanque américaine fondée en 2016 par Jason Wilk, Paras Chitrakar et John Wolanin. Elle a été créée pour répondre aux défis financiers des Américains qui galèrent en fin de mois et sont noyés sous les frais bancaires et autres agios. Dave a introduit un modèle visant à éliminer ces frais, tout en offrant des outils de gestion financière simples et transparents. Elle propose par exemple des avances de trésorerie sans intérêts, des comptes courants sans frais et des outils pour améliorer sa note de crédit. En 2022, Dave est entrée en bourse via une fusion avec une SPAC avec une valorisation de 4 milliards de dollars.
SPAC : une SPAC pour special-purpose acquisition company, est une coquille vide cotée en bourse dont l'unique but est de fusionner avec une entreprise existante pour accélérer le processus d'entrée en bourse.
Dave a attiré plus de 6 millions d'utilisateurs grâce à son approche accessible et centrée sur les besoins des travailleurs précaires. En 2023, la néobanque a atteint sa première rentabilité trimestrielle. Avec une stratégie centrée sur l'innovation tech, notamment l'intégration de l'IA pour ses modèles d'analyse de crédit, Dave continue d'étendre ses services tout en renforçant son engagement envers l'inclusion financière (une autre raison pour laquelle j'aime beaucoup cette boîte). Le marché de Dave représente 180 millions d'Américains qui ont du mal avec leurs finances et qui vivent d'une paie à l'autre sans pouvoir épargner et souvent à découvert (57 % en 2021 et 65 % en 2024). Et comme je le disais, ils ont un branding très sympa qui change des autres fintechs.
Et qu'est-ce que propose Dave exactement ?
- Un compte bancaire rémunéré à 4 % qui permet d'obtenir son salaire deux jours avant la date ;
- Des fonctionnalités pour mieux gérer son budget ;
- Aucuns frais cachés ;
- Jusqu'à 500 $ instantanément et sans intérêt pour aider les personnes en difficulté (Dave se rémunère tout de même sur ces avances. Environ 10 $ par avance) ;
- La possibilité de faire des petits jobs directement via l'app.
Les récents résultats de Dave, et : qu'est-ce que cela veut dire pour la suite ?
La néobanque a récemment publié les résultats trimestriels du dernier trimestre 2024 et ils sont excellents. L'entreprise nous a prouvé qu'elle était passée d'un modèle de croissance à tout prix à une entreprise durablement rentable, mais qui continue de croître très rapidement. Regardons d'un peu plus près les chiffres.

- Croissance du chiffre d'affaires (CA) : le CA du quatrième trimestre a augmenté de 38 % d'une année sur l'autre pour atteindre 100,9 millions de dollars, ce qui porte le chiffre d'affaires de l'année 2024 à 347,1 millions de dollars, soit une augmentation de 34 % par rapport à 2023.
- Rentabilité : le bénéfice net s'est considérablement amélioré pour atteindre 16,8 millions de dollars au quatrième trimestre 2024, contre seulement 0,2 million de dollars au quatrième trimestre 2023. Sur l'ensemble de l'année, le bénéfice net s'élève à 57,9 millions de dollars, contre une perte de 48,5 millions de dollars en 2023.
- Amélioration des marges : la marge sur coûts variables (non-GAAP) a augmenté pour atteindre 72 % au quatrième trimestre 2024, contre 63 % au même trimestre en 2023.
De plus, l'entreprise possède beaucoup de cash (91,9 millions de dollars en trésorerie et en investissements très liquides au 31 décembre 2024), ce qui lui permettra d'alimenter sa croissance.
En parlant de croissance, celle de Dave est très belle :
- Le nombre d'utilisateurs qui réalisent des transactions chaque mois a augmenté de 17 % sur un an pour atteindre 2,5 millions de personnes ;
- Dave compte 12,1 millions d'utilisateurs soit une croissance de 16 % sur un an ;
- Le revenu annuel moyen par utilisateur a augmenté de 18 % d'une année sur l'autre ;
- La fonctionnalité ExtraCash a permis aux utilisateurs d'avoir 1,5 milliard de dollars de cash supplémentaire au quatrième trimestre 2024, une hausse de 44 % par rapport au même trimestre en 2023. Voici plus de détails :

Side note : ce n'est pas un bon signe pour l'économie américaine de voir une telle hausse de l'utilisation de cette fonctionnalité. Cela peut vouloir dire que beaucoup d'Américains ont de plus en plus de difficultés financières.
Il faut aussi savoir que le taux de défaillance sur 28 jours a chuté de 53 points de base pour passer à 1,66 %.
Si on devait résumer la stratégie de Dave, elle est simple :
- Une acquisition qui coûte beaucoup moins cher que les banques traditionnelles (16 $ par utilisateur pour Dave contre environ 500 $ pour une banque traditionnelle) ;
- Engager rapidement ses utilisateurs grâce à sa fonctionnalité ExtraCash ;
- Étendre la relation client avec d'autres services (carte bancaire, et autres fonctionnalités plus traditionnelles).
Mon point de vue + risques : Dave est une très belle fintech de taille moyenne/petite, mais qui s'adresse à un marché souvent délaissé. Cette stratégie pourrait donc lui permettre de continuer de croître à un rythme rapide. De plus, son efficience par rapport aux autres banques lui permet d'avoir des coûts bien plus bas pour servir ses clients (CashAI lui permet par exemple d'analyser en temps réel les comportements de ses utilisateurs pour faire les avances). Dave attire ses utilisateurs grâce à son service d'avance sur salaire, mais une fois la relation créée, elle peut vendre d'autres services à ses utilisateurs pour ainsi augmenter ses revenus. Pour finir, je suis assez confiant, car l'entreprise a récemment fait un partenariat avec Coastal Community Bank pour créer de potentielles nouvelles offres de crédit sur du plus long terme (donc plus de revenus). Mais les risques sont nombreux : le prix de l'action peut sembler un peu élevé, les risques réglementaires sont nombreux aussi, la concurrence est rude et pourrait proposer des services similaires et une grosse récession pourrait augmenter le taux de défaillance des utilisateurs. Dans l'ensemble, il semble s'agir d'une très belle boîte qui va continuer de croître et d'augmenter ses revenus non seulement grâce à la croissance de son nombre d'utilisateurs, mais aussi grâce à la croissance des revenus par utilisateur via la vente de nouveaux services.
Cette semaine en économie
[RESET] La Chine pivote vers un nouveau modèle pour booster sa croissance. Une bonne chose pour les investisseurs ?
⏱ Temps de lecture : 4 minutes et 30 secondes.
👩🏫 Ce que vous allez apprendre : la Chine cherche à stimuler sa consommation intérieure pour atteindre une croissance de 5 % en 2025, en misant sur le développement du secteur des services et l'ouverture culturelle. Comment le gouvernement chinois compte-t-il convaincre ses citoyens de dépenser plutôt que d'épargner ? Quelles entreprises pourraient bénéficier de cette stratégie (et donc leurs actionnaires aussi) qui vise à rendre l'économie chinoise moins dépendante des exportations face à la guerre commerciale avec les États-Unis ?
Dans un monde où les pays deviennent de plus en plus protectionnistes et dans lequel la guerre des tarifs douaniers fait rage, les pays ou les régions qui s'en sortiront le mieux seront ceux qui ont les consommateurs les plus puissants (ceux qui dépensent le plus, quoi).
Aujourd'hui, ce sont de loin les Américains qui dépensent le plus. C'est pour cette raison que Trump semble si confiant dans sa guerre mondiale des tarifs.
Mais c'est aussi pour ça que les autres pays se réveillent et tentent de voir comment booster la consommation de leurs habitants. Un de ces pays, c'est bien évidemment la Chine.
Le gouvernement chinois a récemment annoncé vouloir atteindre une croissance du PIB de 5 % en 2025, un objectif ambitieux étant donné la guerre commerciale démarrée par Donald Trump. En effet, en 2024, les dépenses de consommation n'ont contribué qu'à environ 30 % de la croissance économique, contre 68 % début 2018. La majeure partie de la croissance chinoise actuelle provient des exportations, ce qui rend le pays vulnérable aux nouveaux tarifs douaniers imposés par Washington.
De plus, il faut savoir que face à la faiblesse du marché de l'emploi et à la crise prolongée de l'immobilier, les consommateurs chinois se replient sur eux-mêmes. L'épargne des ménages a plus que doublé par rapport à 2018 pour atteindre environ 151 000 milliards de yuans (20 700 milliards de dollars) l'année dernière, alors même que les banques ont réduit à plusieurs reprises les taux d'intérêt. Mais alors, comment les décideurs politiques peuvent-ils encourager les Chinois à rouvrir leur portefeuille ?
La réponse à cette question est assez intéressante : Pékin pense que les Chinois ne dépensent pas non pas parce qu'ils ne veulent pas, mais parce qu'ils n'ont rien à acheter. Ou plutôt des choses qui ne les intéressent pas.
Par exemple, les nouvelles générations n'ont plus forcément envie de s'acheter des sacs Gucci ou des porte-cartes Louis Vuitton. Non, elles veulent dépenser leur argent dans des expériences (concerts, voyages, restaurants, etc.).
Mais le gros problème, c'est que le secteur des services est très en retard en Chine par rapport à d'autres pays développés. Selon Bloomberg, ce secteur des services ne représente que 54 % de la consommation des ménages en 2019 (dernière data dispo) contre 70 % à 80 % pour les pays avec des niveaux de revenus élevés ou plus de 60 % dans d'autres pays en développement comme le Brésil. Et justement, la Chine vise 60 % cette année.
L'arme secrète du gouvernement ? Laisser entrer la culture étrangère en Chine, booster le secteur des services et exporter la culture chinoise via les divertissements :
- Kanye West, aka Ye, a été autorisé à se produire en Chine et son concert a rapporté plus de 7 millions de dollars, bien plus qu'en Europe ;
- John Wick 4 a été diffusé dans les cinémas chinois deux ans après sa sortie officielle (et sans aucune censure) ;
- Le film d'animation Ne Zha 2 a rapporté 2 milliards de dollars depuis janvier dernier et il s'agit du premier film de l'histoire à générer un milliard de dollars de revenus sur un seul et même marché (cela montre la puissance d'avoir des consommateurs qui dépensent) ;
- Le jeu vidéo chinois Black Myth: Wukong a été vendu à plus de 25 millions d'unités dans le monde entier.
Cette stratégie du gouvernement chinois est donc multidimensionnelle. Elle reflète une reconnaissance de l'importance croissante de ces secteurs dans l'économie moderne et s'inscrit dans le cadre plus large de la transformation économique de la Chine et d'une ouverture culturelle sur le monde extérieur. En gros, cela va s'appuyer sur cinq piliers :
- Des réformes réglementaires pour faciliter l'accès au marché et réduire les barrières administratives ;
- Des incitations fiscales et un soutien financier pour encourager l'investissement et l'innovation ;
- Un accent fort sur l'innovation et les technologies émergentes comme l'IA ;
- Des efforts pour stimuler la demande intérieure et promouvoir les contenus locaux ;
- Une ouverture accrue à la coopération internationale tout en cherchant à exporter la culture chinoise.
Si elle est mise en œuvre avec succès, cette stratégie pourrait non seulement contribuer à atteindre les objectifs de croissance à court terme, mais aussi poser les bases d'une économie chinoise plus diversifiée, innovante et résiliente à long terme, car elle dépend moins des exports. Mais la grande question est la suivante : est-ce que Xi est réellement prêt à faire entrer la culture étrangère dans son pays ?
Qu'est-ce que cela veut dire pour les investisseurs ? Tout d'abord, les entreprises technologiques comme Alibaba, Pinduoduo, Tencent, etc., devraient profiter de cette croissance du secteur des services. Ant Group, détenu par Alibaba Group compte par exemple plus d'un milliard d'utilisateurs pour son service de paiements Alipay qui est largement utilisé pour payer divers services, du restaurant au coiffeur en passant par les billets de concert et de cinéma. Ensuite, il faudrait parier sur le secteur du divertissement avec des entreprises comme NetEase (jeux en ligne, musique numérique et éducation en ligne) ou encore Meituan (plateforme de services lifestyle incluant la livraison alimentaire, la réservation d'hôtels et la billetterie cinéma). Attention, à part Pinduoduo et Alibaba, je n'ai analysé aucune entreprise, donc n'y allez pas les yeux fermés, faites vos recherches.
Tendances
[MOVIES] Investir dans des films en direct ?
⏱ Temps de lecture : 4 minutes.
👩🏫 Ce que vous allez apprendre : Robert Rodriguez, célèbre réalisateur de Sin City et Machete, lance Brass Knuckle Films, une initiative permettant aux fans d'investir directement dans ses films (de 250 $ à 1 million de dollars). Comment fonctionne ce nouveau modèle d'investissement dans le cinéma ? Quels sont les retours potentiels pour les investisseurs ? Découvrez cette alternative aux studios traditionnels que Rodriguez qualifie de "zombies en costume".
Est-ce que vous auriez aimé investir dans Le Projet Blair Witch ou Paranormal Activity ou Bambi ? Moi oui.
Voici la liste des films avec les plus gros retours sur investissement :
- Le Projet Blair Witch, le grand vainqueur, a connu un retour sur investissement de 124 220 % ;
- Paranormal Activity de 89 833 % ;
- Bambi n’est pas trop mal placé avec un retour sur investissement de 31 071 %.
Bon, il est loin d'être évident de parier sur tel ou tel film, mais cela peut être une classe d'actif intéressante dans laquelle se diversifier. Mais bon, à part avoir un gros réseau et un énorme portefeuille, investir directement dans un film était quasi impossible. Jusqu'à maintenant.
En effet, Robert Rodriguez, le réalisateur (mais pas que) qui se cache derrière des grands classiques comme…
ou encore Desperado, Sin City et Machete, vient de créer Brass Knuckle Films.
En gros, c'est une initiative qui permettra aux fans et autres investisseurs d'investir directement dans les projets de Rodriguez. Le réalisateur s'est associé avec la plateforme Republic qui permet d'investir dans des startups, des cryptos et d'autres actifs alternatifs et la blockchain Avalanche.
L'idée est assez simple :
- Vous pouvez investir entre 250 $ et 1 million de dollars ;
- En échange, vous obtenez une partie des profits générés par le film dans lequel vous avez investi, proportionnels à votre investissement ;
- Et beaucoup d'autres avantages qui dépendent eux aussi de votre investissement. Cela va de la possibilité de pitcher une idée à Rodriguez, jusqu'à apparaître carrément dans le film en passant par votre nom qui apparaît dans les crédits ou encore la possibilité de participer à des évènements.
Tous les investisseurs pourront donc proposer une idée de film, puis il y aura dix finalistes et Rodriguez produira une de ces idées.
Rodriguez souhaite donc tester l'expérience de s'appuyer sur une communauté de fans plutôt que sur des studios qui sont devenus plus des banques sans âme qu'autre chose. D'ailleurs, il nous dit :
Quand je parle aux directeurs de studios, ils sont comme des zombies en costume. Ils ne regardent pas de films. Ils ne sont pas fans de films. Ils sont là pour faire du business.
Rodriguez souhaite donc surfer sur la tendance des community-led products qui sont tout simplement des produits qui s'appuient sur leur communauté pour développer et améliorer leur produit. Un peu comme Snowball en soi. C'est pour cette raison qu'en 2022, j'avais ouvert le capital de l'entreprise pour permettre à plus de 400 personnes d'investir dans Snowball.
Mais alors, combien ça peut rapporter tout ça ?
Dur à dire, mais Rodriguez souhaite se concentrer sur des films d'action indie qui sont en général très rentables, surtout quand on s'appelle Robert Rodriguez. De plus, il en fera des franchises (ce qui booste en général les revenus).
J'ai regardé un investissement similaire dans Pressman Films (Wall Street, American Psycho) sur Republic et voici ce que j'ai pu trouver :
- Au début du tournage, les investisseurs récupèrent le capital investi + un premium de 20 %. Donc si les investisseurs ont investi 100 000 $, dans les 3 mois après le début du tournage, ils récupèrent 120 000 $ ;
- Lorsque le tournage est terminé, les investisseurs reçoivent 15 % des producer fees de Pressman Film et 15 % des divers droits dont les droits d'auteur :
- Producer fees : le montant varie, mais se situe généralement entre 2,5 % et 5 % du budget total de la production. Par exemple, si le budget de production du film s'élève à 10 millions de dollars, les producer fees de Pressman pourraient être de 500 000 $, dont 75 000 $ (15 % de 500 000 $) reviendraient aux investisseurs,
- Droits d'auteur : si Pressman peut recevoir une commission de droits, celle-ci s'élève généralement à 2,5 % du budget total de la production. Dans l'exemple précédent, la commission de droits pour ce projet pourrait être de 250 000 $ (2,5 % de 10 millions de dollars), dont 37 500 $ (15 % de 250 000 $) reviendraient aux investisseurs ;
- Après la sortie du film, les investisseurs récupèrent 100 % des profits jusqu’à ce qu'ils récupèrent leur mise, puis 25 % à vie au-delà.
Pas certain que ce soit identique pour Brass Knuckle Films, mais sûrement pas trop loin. On en saura plus dans trois jours quand ils ouvriront leurs portes. Vous pouvez entrer votre mail ici pour être prévenu du lancement.
C'est tout pour aujourd'hui !
Passez une excellente soirée ou un bon début de semaine.
Yoann ❤️