Snow Report

Tous les dimanches

🥷 Investir dans Ninja, le futur de l'électroménager ?

Utiliser le modèle de la bibliothèque pour investir ?

Le 28/09/2025

par 

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Ce que vous allez apprendre dans cet article

🌥️ La météo des marchés 👉 Le retour de la prudence. 🥷 [NINJA] SharkNinja, l'entreprise derrière les aspirateurs Shark et les air fryers Ninja, a vu son action quadrupler en deux ans grâce à une stratégie d'innovation et de marketing digital impressionnante. Comment cette entreprise fondée en 1994 a-t-elle réussi à dominer le marché des appareils électroménagers face à des géants comme Dyson ? Quels sont les atouts et les risques de ce modèle économique qui mise sur l'innovation rapide (25 nouveaux produits par an) et l'expansion internationale ? 🇫🇷 [DÉPRIME] Les Français battent des records d'épargne avec un taux atteignant près de 19 % au deuxième trimestre 2025, son plus haut niveau depuis 45 ans. Pourquoi cette prudence excessive malgré une inflation maîtrisée à 0,9 % ? Entre instabilité politique, crainte de futures hausses d'impôts et mémoire de l'inflation passée, ce comportement crée un cercle vicieux qui plombe la croissance nationale. Quelles stratégies d'investissement adopter pour éviter de s'appauvrir lentement dans ce climat économique morose ? 📚 [BIBLIOTHÈQUE] Le "modèle de la bibliothèque" pourrait être une stratégie d'investissement intéressante. Comment les entreprises qui laissent leurs employés "rêver" et qui vont au-delà de la simple transaction économique génèrent-elles des rendements supérieurs ? Des exemples comme Google, Patagonia et Airbnb montrent que ce modèle basé sur quatre piliers peut créer une valeur durable et mesurable, avec des entreprises qui surperforment systématiquement leurs indices.

📰 Snow Report : Météo des marchés, analyse approfondie d’une action et décryptage de deux grosses actus économie et tendances.

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J'espère que vous avez passé un bon dimanche ensoleillé (enfin, en tout cas, c'était comme ça à Paris).

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Aujourd'hui, nous allons nous pencher sur une entreprise fascinante qui tente de révolutionner le monde de l'électroménager pour savoir si son action vaut la peine d'être dans nos portefeuilles. On creusera aussi le pessimisme ambiant en France et son impact sur vos finances et comment la théorie de la bibliothèque pourrait booster le business des entreprises.

Yoann

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Je laisse maintenant le micro à Mathieu et tx pour la météo des marchés et je vous retrouve juste après pour la section finance.

Yoann ❤️

La semaine a été marquée par un retour de prudence sur les marchés. Après la baisse des taux de la Fed, la publication de statistiques américaines solides a ravivé les doutes sur la poursuite de l’assouplissement monétaire. Le marché américain a enchaîné plusieurs séances de repli, tandis que l’obligataire et les valeurs refuges traduisent une inquiétude persistante. Les marchés ont toutefois rebondi vendredi après un indicateur PCE sur l’inflation parfaitement conforme aux attentes, ce qui a rassuré les investisseurs. L'absence de surprise a été interprétée comme une bonne nouvelle, confirmant une inflation stable autour de 3 % et laissant penser que la Fed privilégiera encore la croissance au détriment d’un resserrement trop brutal.

Jerome Powell, le patron de la Fed, a insisté sur l’absence de trajectoire sans risque : baisser trop vite soutiendrait l’emploi, mais risquerait de nourrir l’inflation, tandis que l’inaction aiderait à contenir les prix, mais au détriment de la croissance. Les débats internes à la Fed reflètent cette tension, entre les appels à la prudence de Musalem, Hammack et Bostic, et la ligne plus agressive défendue par Miran, proche de Donald Trump.

La thématique IA reste un moteur puissant. Nvidia a annoncé un investissement pouvant atteindre 100 Md$ dans OpenAI, ce qui a dopé son titre de 4 % et gonflé sa capitalisation de 170 Md$. Le secteur technologique continue d’alimenter un climat de FOMO, même si le S&P 500 et le NASDAQ 100 ont terminé la semaine en territoire négatif.

Les taux longs américains se sont retendus malgré la baisse des Fed Funds, le 10 ans repartant légèrement à la hausse. Ce paradoxe illustre les doutes du marché obligataire sur la capacité de la Fed à maintenir une politique accommodante face aux pressions inflationnistes liées aux droits de douane. L’or reste recherché, confirmant la prudence des investisseurs.

Les enquêtes S&P Global soulignent un ralentissement de l’activité en septembre, dans l’industrie comme dans les services. Les entreprises signalent une demande affaiblie et des difficultés à répercuter les surcoûts douaniers dans leurs prix de vente.

Sur le front commercial, Donald Trump a ravivé la guerre des tarifs : il menace d’imposer 100 % de droits de douane sur les médicaments brevetés, 25 % sur les camions et 50 % sur les équipements de cuisine et salle de bains. Le secteur pharmaceutique et le secteur medtech ont été fragilisés, et de nouvelles restrictions sur les semi-conducteurs semblent se profiler.

Enfin, Trump a durci sa position face à la Russie en appelant l’OTAN à abattre les avions violant leur espace aérien et en réaffirmant son soutien à l’Ukraine. Ces déclarations ont contribué à faire grimper les cours du pétrole.

Mathieu

Semaine de correction sur les marchés cryptos : l’indice TOTAL perd 6 %, tandis que BTC s’échange désormais juste en dessous des 110 000 $, en baisse de 5 % sur la semaine. Comme d’habitude, les altcoins corrigent plus fortement avec un ETH qui perd 10 %, parvenant tout juste à se maintenir au-dessus des 4000 $. Même scénario pour le SOL qui perd 15 %, tenant difficilement la barre symbolique des 200 $.

Bitcoin se trouve aujourd’hui sur le bas de sa tendance qui dure depuis le début de 2023. Les semaines à venir seront clés pour déterminer la continuation ou la fin du marché haussier. Pour l’instant, le scénario le plus probable reste la continuation de la tendance haussière. Les mouvements récents sont probablement un de ces moments où le marché se fait peur à lui-même pour ébranler les investisseurs les moins bien accrochés.

Toujours aucune hype du côté des réseaux sociaux. En revanche, ce n’est pas le cas du côté de la finance traditionnelle où les opérations des DAT (Digital Asset Treasuries) continuent avec toujours des centaines de millions qui sont investis chaque jour en crypto via des entreprises cotées. Ce phénomène touche désormais BTC et ETH, mais aussi quelques grosses capitalisations comme SOL et BNB.

Strategy détient désormais 3,2 % de tous les BTC en circulation, tandis que BitMine Immersion possède désormais plus de 2 % des ETH, avec un objectif à 5 % pour les années à venir. Ces achats institutionnels sont désormais le principal moteur de la montée des prix, mais leur caractère privé rend difficile l'estimation correcte de leur volume global. Pendant ce temps, les ETF BTC enregistrent de nouvelles entrées massives avec plus de 5,5 milliards ajoutés cette semaine.

Ces éléments me rendent plutôt confiant sur le scénario de la continuation de la tendance haussière. Cependant, je le dis encore une fois, on arrive dans une zone dangereuse, car si les DAT et ETF sont le moteur du marché, ils seront aussi probablement la cause d'une euphorie massive suivie d’un crash tout aussi important. Encore une fois, on continuera de suivre cela dans les semaines et mois à venir.

Du côté des actus, voici ce qu’il ne fallait pas manquer :

  • Tether, l’émetteur de l’USDT, cherche à lever 15 à 20 milliards de dollars à une valorisation de 500 milliards. Un montant colossal même dans un contexte où le marché des stablecoins explose. Gros projet à financer ou simple opportunisme ? On le saura probablement dans les prochains mois… ;
  • Neuf banques européennes vont lancer conjointement un stablecoin euro conforme à la régulation européenne MiCA. Un projet ambitieux alors que les stablecoins dollars représentent plus de 99 % du marché. Le lancement est prévu pour la seconde moitié de 2026 ;
  • Le géant du cloud Cloudflare dévoile NET Dollar, un stablecoin dollar adapté aux transactions par agents IA. Cloudflare parie sur un Internet du futur dont le business model sera plus centré sur les micro-paiements et moins sur la publicité ;
  • Les volumes d’Uniswap sont au plus haut. En 2025, le DEX devrait pour la première fois dépasser la barre des 1000 milliards de dollars traités. Pour l’instant, l’environnement réglementaire qui se met en place un peu partout dans le monde ne semble pas freiner le développement de la DeFi.

tx

⏱ Temps de lecture : 6 minutes.

👩‍🏫 Ce que vous allez apprendre : SharkNinja, l'entreprise derrière les aspirateurs Shark et les air fryers Ninja, a vu son action quadrupler en deux ans grâce à une stratégie d'innovation et de marketing digital impressionnante. Comment cette entreprise fondée en 1994 a-t-elle réussi à dominer le marché des appareils électroménagers face à des géants comme Dyson ? Quels sont les atouts et les risques de ce modèle économique qui mise sur l'innovation rapide (25 nouveaux produits par an) et l'expansion internationale ?

Je suis récemment tombé sur un article qui parlait de la stratégie de vente incroyable de la marque Ninja qui s'appuie fortement sur TikTok pour alimenter sa croissance. J'ai creusé rapido, et j'ai vu que l'entreprise derrière cette marque, SharkNinja, était cotée en bourse. Je n'en avais aucune idée. Et le cours de son action a une belle trajectoire :

Quasiment un x4 en un peu plus de deux ans. Pas mal. On va donc creuser un peu plus aujourd'hui pour voir s'il peut s'agir d'une entreprise intéressante à posséder dans son portefeuille.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, cette entreprise est assez vieille. Elle a été créée en 1994 à Montréal par Mark Rosenzweig avant qu'il décide de s'installer près de Boston aux États-Unis.

Au départ, SharkNinja s'appelait d'ailleurs Euro-Pro et vendait seulement des nettoyeurs vapeur et des aspirateurs.

C'est à partir de 2007 que Shark commence vraiment à faire un carton avec sa technologie no loss of suction sur les aspirateurs, puis la marque Ninja débarque en 2009 via les blenders multifonctions et l'air fryer qui vont contribuer au succès international qu'on connaît bien aujourd'hui.

SharkNinja arrive ensuite en Europe (succès phénoménal au Royaume-Uni où Shark dépasse Dyson sur son propre marché, et en France avec l'air fryer Ninja). L’entreprise affiche aujourd’hui plus de 5,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires et emploie plus de 2800 personnes dans neuf pays.

Le modèle de SharkNinja est super intéressant. Déjà, il repose sur une obsession pour les tests consommateurs (une note minimum de 4,7/5 est nécessaire avant chaque lancement), des produits innovants (double bac synchronisé pour l’air fryer, barbecue électrique Woodfire qui reproduit le goût du charbon grâce à des pellets) et un investissement marketing massif, notamment sur les réseaux sociaux comme je le disais au début. Cette obsession pour l'expérience utilisateur se voit dans les notes Trustpilot :

Source : Trustpilot UK

Source : Trustpilot UK

Côté marketing, l'entreprise adopte presque un modèle de drop similaire à des marques de luxe comme Supreme en jouant sur l'effet de rareté. En effet, certains modèles (cafetière semi-automatique Ninja, nouveaux sèche-cheveux) se retrouvent en rupture de stock quelques minutes après leur lancement.

En 2017, l'entreprise est rachetée par le fonds CDH Investments. CDH Investments est un fonds d'investissement privé fondé en 2002 en Chine qui pèse très très lourd avec plus de 25 milliards de dollars d’actifs sous gestion actuellement. Du coup, le siège mondial, bien qu’américain, dépend d’une holding enregistrée aux îles Caïmans, structurée dans une holding hongkongaise (JS Global) et financée par la Bank of China, avec un président chinois, Xu Ning Wang.

Et c'est donc en 2023 que l'entreprise décide d'entrer en bourse à New York. Un vrai carton, comme je le disais en intro.

Petit fun fact, SharkNinja est apparue au cinéma, sponsor de la team de F1 fictive dans le film F1 avec Brad Pitt.

Déjà, ce que j'adore chez SharkNinja, c'est sa stratégie business tout simplement. L'entreprise se distingue dans l'univers des appareils ménagers par sa croissance incroyable et son modèle d'innovation largement plus abouti que d'autres entreprises du secteur.

En effet, cette boîte a réussi à transformer un marché en déclin de 14 % en 2022 en opportunité, capturant des parts de marché significatives avec 25 % du marché américain des aspirateurs et 60 % du marché britannique des friteuses à air. Les parts de marché sont impressionnantes aux États-Unis et au Royaume-Uni :

Source : présentation SharkNinja

Source : présentation SharkNinja

Quel est le moteur principal de cette croissance ? L'innovation.

Le modèle économique de SharkNinja repose en effet sur l'externalisation totale de la production à des sous-traitants asiatiques, ce qui permet à l'entreprise de se concentrer sur la R&D et le marketing.

Il faut savoir qu'avec environ 700 ingénieurs sur 3000 employés, les dépenses R&D (recherche et développement) représentent environ trois fois la moyenne sectorielle. Cette stratégie permet de lancer environ 25 nouveaux produits par an et permet une expansion dans deux nouvelles catégories annuellement. L'entreprise opère désormais dans 36 sous-catégories, contre 31 lors de son introduction en bourse en 2023.

Et cette stratégie business se voit aussi dans les performances financières.

Au deuxième trimestre 2025, le chiffre d'affaires a progressé de 16 % à 1,4 milliard de dollars, avec une croissance de 14 % sur le marché américain et 20 % à l'international. La marge brute s'est améliorée de 185 points de base à 49 %. Le bénéfice par action atteint 3,19 $, en hausse de 1,59 % depuis décembre 2024. De plus, SharkNinja a relevé ses prévisions 2025, anticipant désormais une croissance du chiffre d'affaires de 13 % à 15 %.

La marge opérationnelle a bondi de 8,32 % à 11,67 % entre le second trimestre 2024 et le second trimestre 2025, tandis que la marge nette a atteint 9,66 %. Le retour sur capital investi surpasse largement celui des concurrents du secteur, ce qui montre que l'entreprise sait bien gérer ses ressources et est extrêmement efficace et efficiente.

D'ailleurs, chiffre impressionnant : chaque dollar investi en marketing génère désormais sept fois plus d'engagement sur les réseaux sociaux que le concurrent le plus proche. Joli.

L'expansion internationale est LE relais de croissance majeur sur lequel compte l'entreprise.

Aujourd'hui, 80 % des revenus proviennent encore des États-Unis et du Royaume-Uni, mais l'entreprise vise un mix 50-50 entre les marchés domestiques et internationaux. D'ailleurs, c'est l'Allemagne et la France qui représentent chacune un potentiel de 1 milliard de dollars de revenus, dépassant les 900 millions générés au Royaume-Uni en 2024.

Du côté marketing, beaucoup d'investisseurs avaient peur de voir disparaître TikTok aux États-Unis, mais les récents développements montrent que ce ne sera pas le cas. L'un des principaux canaux marketing de SharkNinja est donc préservé.

Et côté droits de douane, la société a intelligemment anticipé les tensions commerciales en délocalisant 90 % de sa production américaine hors de Chine dès la mi-2025. Et ça, en maintenant des coûts identiques. Chapeau.

Mon point de vue et les risques : je connaissais très peu cette boîte avant d'écrire cette section. Maintenant j'ai envie d'acheter ses produits (j'ai besoin d'un robot aspirateur pour les poils de Neptune, mon chat 😅) et de la suivre de plus près pour de potentiels investissements. D'un point de vue stratégie business et chiffres financiers, les voyants sont clairement au vert. Cela dit, les risques sont bel et bien présents. Déjà, le rythme extrêmement rapide de 25 nouveaux produits par an pourrait créer une cannibalisation interne et une fatigue du côté des consommateurs, particulièrement si la qualité des produits limite le renouvellement. Ensuite, SharkNinja dépend beaucoup des détaillants comme Walmart, Amazon ou encore Costco (environ 45 % du CA). Pas ouf pour les négociations et surtout, un risque si l'une de ces entreprises coupe les vannes. Un ralentissement économique pourrait fortement impacter l'entreprise, car les produits qu'elle vend ne sont pas des produits nécessaires et les consommateurs peuvent clairement couper ces dépenses. Et pour terminer, face à des Dyson, Samsung et autres marques émergentes chinoises, maintenir la différenciation nécessite des investissements R&D de plus en plus importants qui pourraient comprimer les marges (et donc les profits).

⏱ Temps de lecture : 5 minutes.

👩‍🏫 Ce que vous allez apprendre : les Français battent des records d'épargne avec un taux atteignant près de 19 % au deuxième trimestre 2025, son plus haut niveau depuis 45 ans. Pourquoi cette prudence excessive malgré une inflation maîtrisée à 0,9 % ? Entre instabilité politique, crainte de futures hausses d'impôts et mémoire de l'inflation passée, ce comportement crée un cercle vicieux qui plombe la croissance nationale. Quelles stratégies d'investissement adopter pour éviter de s'appauvrir lentement dans ce climat économique morose ?

Quand on a peur du futur, on a tendance à épargner et à dépenser moins.

C'est exactement ce qui est en train de se passer en France. Le taux d'épargne des ménages français a atteint 18,93 % (vs une moyenne de 15,4 % en Europe) au deuxième trimestre 2025, son plus haut niveau depuis 45 ans selon l'INSEE.

Mais alors pourquoi ? Un mix unique d'incertitude politique, d'évolution de la composition des revenus et de comportements prudents face à un environnement économique complexe.

Et même si au niveau individuel, épargner c'est top, au niveau national, cela plombe la croissance. Le niveau d'épargne des Français a progressé de manière spectaculaire depuis 2023, passant de 16,5 % à près de 19 % du revenu disponible brut aujourd'hui.

Cette hausse s'explique principalement par un effet de composition des revenus : par cela, j'entends que la part des revenus financiers dans le revenu total est passée de 21 % à 23 % (grâce notamment à des taux d'intérêt élevés). Ces revenus financiers ont une propension à l'épargne logiquement plus élevée (ils se trouvent déjà dans une enveloppe dédiée à l'investissement et à l'épargne) que les revenus du travail, contribuant mécaniquement à 0,7 point de pourcentage de la hausse observée.

L'instabilité politique (trois chutes de gouvernement en 18 mois et cinq Premiers ministres en deux ans) n'aide pas du tout. Les ménages adoptent effectivement une attitude attentiste face à l'incertitude, reportant leurs décisions d'achat importantes (genre voiture, maison, etc.). L'indicateur INSEE sur les intentions d'achats majeurs a chuté à -31 en septembre 2025, son plus bas niveau depuis août 2024. Mais "bizarrement", la capacité d'épargne future des ménages a atteint un maximum historique de 17 points, signe d'une volonté persistante de se protéger en alimentant son matelas de sécurité.

Le problème, c'est que cela crée un cercle vicieux qui plombe la croissance économique. La demande est faible, donc les entreprises n'investissent pas, donc la croissance est moribonde.

Si on zoome un peu plus, les gens ont perdu confiance. L'indice de confiance des ménages stagne en effet à 87 points en septembre 2025, largement en dessous de sa moyenne long terme fixée à 100.

Cette déprime des ménages est persistante, malgré une inflation largement sous contrôle à 0,9 % en juin 2025, bien en dessous des 2 % préconisés par la BCE.

Cette déprime est bien visible dans les chiffres avec des enquêtes qui révèlent que 70 % des ménages déclarent limiter volontairement leur consommation, tandis que 40 % parviennent à mettre de l'argent de côté chaque mois.

D'un point de vue psycho, c'est certainement dû à l'effet mémoire de la période fortement inflationniste de 2021-2023 + un marché de l'emploi qui ne va pas au top (un taux de chômage prévu aux alentours des 8 % en 2025).

D'un point de vue macroéconomique x microéconomique, la Banque de France identifie également un effet ricardien. C'est quoi cet effet ?

Face à la dégradation des finances publiques (déficit à 5,8 % du PIB), les gens anticipent de futures hausses d'impôts et épargnent préventivement. Cette rationalité économique individuelle, largement compréhensible, contribue à entretenir la faiblesse de la demande globale et complique la tâche des autorités cherchant à relancer l'activité.

Où est-ce que les gens placent leur argent ?

Pas trop de surprise, les produits réglementés type livret A restent la base (malheureusement) avec 956 milliards d'euros d'encours, représentant 15 % des actifs financiers des ménages. Le livret A et le LDDS, désormais rémunérés à 1,7 %, conservent leur attrait malgré la baisse des taux depuis août 2025.

Le LEP, bonifié à 2,7 % grâce à une intervention gouvernementale, connaît une superbe croissance avec 12 millions de détenteurs, mais reste sous-utilisé avec 19 millions d'éligibles potentiels.

D'ailleurs, checkez si vous n'êtes pas éligibles (ou prévenez vos proches qui pourraient l'être) :

Éligibilité LEP (livret d'épargne populaire) : il faut être domicilié en France, avoir une imposition séparée de ses parents pour les enfants et rentrer dans les cases du plafond de revenus selon le nombre de parts de quotient familial. 1 part = plafond de revenus de 22 823 €, 2 parts = 35 013 €, etc. Les détails sont ici. 

Bref, sinon, l'assurance-vie continue d'être le placement préféré des Français avec près de 2000 milliards d'euros d'encours (mais attention, le PEA est souvent mieux dans de nombreuses situations si vous regardez les frais).

Mais alors, quel impact pour vous ? Le climat économique français est morose, c'est vrai. Croissance faible, instabilité politique, consommation en recul. Dans ce contexte, rester trop concentré sur l’épargne sécurisée (Livret A, LDDS) ou juste décaler les investissements revient à s’appauvrir lentement (eh oui, l'inflation). Trois choses concrètes à envisager : - Diversifier hors de France : placez une partie en ETF actions mondiales et obligations internationales pour capter la croissance ailleurs (MSCI World, S&P 500, NASDAQ, pays émergents, etc.) ; - Miser sur le long terme : orientez une fraction vers des thématiques structurelles (transition énergétique, santé, IA) qui offrent plus de potentiel que l’économie domestique ; - Et attention au piège psychologique : le climat anxiogène en France pousse à reporter ses projets et à tout décaler dans le futur. C’est compréhensible, mais l’histoire montre que les meilleures décisions d’investissement se prennent souvent dans les périodes de doute. Cultiver un minimum d’optimisme, c’est accepter d’investir régulièrement, même quand l’humeur collective est sombre. Car attendre "le bon moment" revient souvent à ne jamais agir. Le premier meilleur moment c'était hier, le deuxième, c'est aujourd'hui. Ça marche pour tout. Action, immo, bourse, entrepreneuriat, etc.

⏱ Temps de lecture : 3 minutes.

👩‍🏫 Ce que vous allez apprendre : le "modèle de la bibliothèque" pourrait être une stratégie d'investissement intéressante. Comment les entreprises qui laissent leurs employés "rêver" et qui vont au-delà de la simple transaction économique génèrent-elles des rendements supérieurs ? Des exemples comme Google, Patagonia et Airbnb montrent que ce modèle basé sur quatre piliers peut créer une valeur durable et mesurable, avec des entreprises qui surperforment systématiquement leurs indices.

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